Venue glorieuse et spiritualité orientale

Le P. Christian Wyler, iconographe suisse, est l’auteur de Sentir Dieu (2016)

Liens entre l’Événement de la Seconde Venue du Christ et la spiritualité.

Père Christian Wyler

Des liens peuvent être établis entre la Venue glorieuse et la spiritualité, par l’examen des informations nombreuses qui figurent dans la Sainte Écriture et aussi, dans les témoignages livrés par les sources patristiques orientales. La Parousie se situe au fondement de toute la spiritualité monastique ancienne. Tel est l’objet d’une réflexion théologique de son ouvrage suivant :

P. Christian Wyler, La Parousie et sa spiritualité, éditions Grégoriennes, février 2021, 192 pages, 13 €.

 La Parousie – ou seconde Venue du Christ sur terre – est liée à la question du Mal. Un signe ultime précédera la Parousie, celui de l’Antéchrist, figure inversée du Sauveur et catalyseur du Mal.
La Venue du Christ en gloire prend place obligatoirement dans toute spiritualité chrétienne authentique, déjà celle développée par les premiers moines d’Orient dans leur retraite au désert. Leur expérience mystique de la lumière irradiant Jésus transfiguré au Thabor constituait pour eux le gage certain de cette Venue, objet de toute leur attente désirante.

Ainsi, ce livre met en lumière deux points-clefs :

• sur les signes annonciateurs de l’Événement – en particulier celui de l’Antéchrist.
  Il montre les liens de la manifestation de ce dernier avec le récit de la chute de l’homme rapporté dans le livre de la Genèse, malgré la distance temporelle qui sépare les deux épisodes. C’est le problème de l’origine du mal et de son déploiement au cours des siècles, à la lumière de la théologie de St Irénée. L’Ancien Testament fournit d’autres informations intéressantes sur cette question, mais aussi l’Epître à Timothée où St Paul fournit des indications fondamentales sur l’état de l’humanité au cours du temps précédant immédiatement la venue de l’Antéchrist : « Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront amants d’eux-mêmes (philautoï), amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres, emportés, enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l’apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là » (2 Tm 3,1-5). St Maxime le Confesseur a réfléchi plus spécialement sur le terme de philautia, en particulier au plan psychologique. Ce terme utilisé par St Paul paraît plus actuel que jamais.
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• sur la manifestation glorieuse et universelle du Christ et les conséquences qui s’ensuivront : le Jugement, une séparation radicale entre les hommes, et l’avènement d’un monde nouveau.
  Il est évidemment difficile de se représenter très exactement les circonstances entourant un tel Événement, mais certains éléments permettent d’éclairer la manière dont le Christ apparaîtra et ce qui s’ensuivra. Un auteur spirituel byzantin ayant vécu au Xème siècle, le moine St Syméon le Nouveau Théologien, sur la base d’une expérience mystique qui a bouleversé sa vie, a reçu des lumières pour comprendre la Parousie. Il donne ainsi une place importante à cet Événement dans la grande spiritualité orientale dont il est l’un des derniers représentants._É
• enfin, sur le lien entre l’attente de la Parousie et le développement de la spiritualité propre au monachisme ancien, qui est fondée sur le mystère de la lumière thaborique.
  Les Pères considèrent en effet l’épisode de la Transfiguration comme une préfiguration de la Parousie. Cette connexion qui met en lumière un aspect capital de la divinité de Jésus-Christ par rapport à l’histoire, et elle mérite amplement qu’on y regarde de plus près. Et, en guise de conclusion, il faut souligner le fait que la préparation recommandée par la tradition apostolique pour être en mesure d’affronter l’Événement ne fait appel à aucune pratique de piété autre que celles que recommande l’Église en tout temps : « Veillez et priez ». Car nous ne savons ni le jour ni l’heure.

Rappelons encore que la Seconde Venue du Christ – événement qui doit se produire dans le cours de l’Histoire humaine – fait l’objet d’une vérité de foi exposée dans le Credo que l’on récite le dimanche à la messe. Et que, paradoxalement, au fur et à mesure qu’on se rapproche dans le temps de l’Evénement, l’attention des théologiens sur cette question fondamentale s’en est éloignée, en raison de certains présupposés fondés sur une compréhension biaisée de la Parousie, déjà présente chez St Augustin.

Et pourtant, le sujet a repris de son actualité dans le contexte des événements politiques contemporains. La question messianique est plus que jamais à l’ordre du jour, en particulier dans le judaïsme et l’islam. Il est urgent de rappeler que la révélation chrétienne détient la clé pour comprendre cette vérité, même si celle-ci a été longtemps occultée en Occident.