St Thomas à Tours et à Bourges
L’histoire de St Thomas racontée sur nos vitraux
Par Fabien C.
Deux cathédrales de France, Tours et Bourges, exposent des vitraux racontant une partie de l’histoire de l’apôtre St Thomas ; on trouve aussi des sculptures à ce propos sur le portail de l’église Notre-Dame de Semur-en-Auxois (avis aux internautes, en vue de les photographier !).
__Cette partie de son histoire correspond, en moins précis, à ce qui était enseigné au XIXe siècle encore dans les manuels ecclésiastiques en usage dans les séminaires. Les auteurs des vitraux en connaissent les grandes lignes mais ils auraient pu s’inspirer également de la correspondance des missionnaires qui, étant présents en Inde ou en Chine à l’époque ou dans les deux siècles précédents, avaient relaté ce que les populations locales leur transmettaient à propos de la présence ou des voyages de l’apôtre[1].
Vers la fin du XIXe siècle seulement, dans le mouvement d’alignement de la pensée chrétienne universitaire sur le rationalisme athée, les traditions orientales ont été tenus de plus en plus pour nulles ; plus généralement, tous les témoignages chrétiens ont été considérés comme suspects a priori, ceci valant également pour les évangiles, qui sont eux aussi des témoignages. Le raisonnement rationaliste était le suivant : les témoignages de croyants ne peuvent pas être vrais (surtout s’ils évoquent des faits miraculeux), donc ils ne sont pas vrais.
Cet a priori négationniste irrationnel est toujours à l’œuvre, ainsi qu’on a pu l’entendre à l’occasion des découvertes faites ces dernières années concernant les trois ans que l’apôtre Thomas a passés en Chine : « Ce n’est pas possible que St Thomas soit allé en Chine ». On ne conteste pas les découvertes, on ne les discute pas, on les passe sous silence.
St Thomas revint en Inde en 69 ; il y fut assassiné en l’an 72, à Maylapore (dans la banlieue du Chennay d’aujourd’hui), d’un coup de lance reçu dans le dos pendant qu’il priait. C’est pourquoi il est toujours représenté portant une lance – ainsi qu’on le voit, aux côtés de St Matthieu,sur une peinture murale de la Cathédrale de Tours .
Notons encore que, dans le sud de l’Inde, l’hindouisme venu du nord est postérieur au christianisme. Apparemment, ses temples sont postérieurs au VIIIe siècle (auparavant, on a des sortes d’hindouisme dravidiens) , c’est-à-dire postérieurs à la réforme de l’hindouisme aryen de castes, qui est principalement l’œuvre de Ādi Śaṅkara. Ce membre de la caste des brahmanes naquit dans le village de Kaladî, dans le Kerala, tout près d’un lieu vénéré par les chrétiens en lien avec l’apostolat de St Thomas. Ce n’est pas un hasard si ce commentateur des Upanishad védiques, du Brahma Sūtra et de la Bhagavad-Gita fit évoluer l’hindouisme dans un sens plus spirituel et intérieur, transformant les rituels de sang (sacrifices d’animaux ou humains pour barbouiller les idoles de leur sang) en offrandes (lait, fleurs, etc.). Un prochain article en parlera davantage.
Le vitrail de Tours :
Voici le vitrail racontant l’histoire de St Thomas (de bas en haut). À gauche du vitrail ont été accolées les commentaires fournis sur place (agrandissements ci-après). Un détail amusant : le commentateur relie Gondopharès à l’Europe – et ce n’est pas la seule erreur qu’il commet –:
Le vitrail de Bourges
Quelques détails, dont le haut du vitrail :
[1] Le livre L’apôtre Thomas et le christianisme en Asie reproduit quelques-uns de ces témoignages, exposés lors du colloque de 2012.