Saint Charles de Foucauld, pionnier pour Dieu
Charles de Foucauld déclaré « saint » le 15 mai 2022
une vie de pionnier pour Dieu (1858-1916)
P. Edouard-Marie
__ Les années de l’enfance et de formation de Charles furent chrétiennes, cela n’avait rien d’exceptionnel dans la France de la seconde moitié du XIXe siècle. Mais à partir de 1880 son affectation militaire comme officier en Algérie puis en Tunisie contribue à changer le cours de sa vie. Il démissionne de l’armée en 1882.
__ D’Alger, il prépare une exploration au Maroc (interdit aux Européens), qu’il mène durant 11 mois, de 1883 à 1884. Le monde scientifique de l’époque est enthousiasmé par son travail : 3000 km parcourus dans un pays presque inconnu. Mais la gloire ne l’intéresse pas, et il entre à la Trappe de 1890 à 1897 et y découvre la vie monacale. Il en sort en pensant toujours aux populations musulmanes du Maghreb. Après un séjour de trois ans en Terre Sainte, il passe un an en France à se préparer au sacerdoce (en 1900) :
« J’ai été passer un an dans un couvent, à étudier, et j’y ai reçu les Sts Ordres. Prêtre depuis le mois de juin dernier, je me suis senti appelé aussitôt à aller aux « brebis perdues », aux âmes les plus abandonnées, les plus délaissées, afin d’accomplir envers elles ce devoir de l’amour : « Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés, c’est à cela qu’on reconnaîtra que vous êtes mes disciples ». Sachant par expérience que nul peuple n’était plus abandonné que les musulmans du Maroc, du Sahara algérien j’ai demandé et obtenu la permission de venir à Béni Abbès, petite oasis du Sahara algérien sur les confins du Maroc. »
A Béni Abbès, il arrive en 1901 et y restera trois ans.
__ Là, il découvre l’existence de l’esclavage, toléré par l’administration coloniale (photo avec deux esclaves qu’il a rachetés). Beaucoup de locaux viennent le voir, et aussi d’un peu partout. Il rêve d’autre chose.
Les Touaregs viennent de se soumettre. Ayant visité le Hoggar, il décide en août 1905 de se fixer à Tamanrasset, qui est un carrefour de caravanes. Il a 47 ans.
__ Comment témoigner ? L’ascèse le conduit à être gravement malade, il s’en sort grâce à l’aide de Touaregs, et il comprend que c’est simplement le chemin de l’humilité qui doit être le sien, et qui lui permettra d’être proche des Touaregs. Les rencontres et échanges ne manquent pas avec eux, dans une amitié véritable et réciproque. Il veut se donner à ce qu’il appelle « l’apostolat de la bonté ». Ce sera plus tard (après sa mort) le trait des Frères et Sœurs de Foucauld – dont le nom exact est « Petits Frères et Petites Sœurs de Jésus». Le monde islamique n’est pas un monde païen à évangéliser ; c’est un monde marqué par un post-christianisme, lequel, par définition, fait obstacle à l’annonce de l’évangile, et peut se révéler très anti-chrétien – Foucauld n’ignorait pas les massacres de chrétiens survenus en Turquie en 1895 et 1896. Les post-christianismes prétendent connaître déjà Jésus – c’est clairement le cas de l’islam. Connaître cet obstacle et être proche des gens est une nécessité que de Foucauld a bien comprise. Il va d’ailleurs établir un Dictionnaire touareg-français puis va compiler Les Poésies touarègues, une encyclopédie qui a sauvé la culture touarègue de l’oubli.
__ Parmi les nombreux destinataires de sa correspondance, il y a Louis Massignon qui, enfermé dans son système pseudo-mystique, n’a jamais compris la démarche de l’ermite de Tamanrasset. Prônant l’échangisme mystique islamo-chrétien (baddalyya), il aura sur l’Église latine une influence hélas plus forte que celle de Foucauld, en entretenant une aura de faux mystère relativiste autour de l’islam et en décourageant les vraies recherches sur les origines de l’islam en milieu catholique. Il faut le mentionner ici, car ce Massignon († 1962) qui jouait au prophète mystique est toujours le maître à penser d’institutions qui disent former des catholiques (à l’islam plutôt qu’à l’islamologie et à la foi chrétienne).
Le cœur des préoccupations de Foucauld était ceci :
« Cette Afrique, cette Algérie, ces millions d’infidèles appellent tellement la sainteté qui seule obtiendra leur conversion; priez pour que la Bonne Nouvelle arrive et que les derniers venus se présentent enfin à la crèche de Jésus pour adorer à leur tour. »
« Il faudrait que le pays fût couvert de religieux, religieuses et de bons chrétiens restant dans le monde pour prendre contact avec tous ces pauvres musulmans et pour les instruire. »
Et, dans une de ses dernières lettres à René Bazin, il écrit : « Les missionnaires isolés comme moi sont fort rares. Leur rôle est de préparer la voie, en sorte que les missions qui les remplaceront trouvent une population amie et confiante, des âmes quelque peu préparées au christianisme, et, si faire se peut, quelques chrétiens. »
(voir charles-de-foucault-une-vision-davenir/ – et aussi faire connaître le Christ).
__ Sa vie se termina le 1er décembre 1916, il fut tué lors de la révolte d’une tribu. Mais son rayonnement de pionnier de Dieu n’a jamais cessé.