Retour du Christ : quelques réflexions de fond
Comment comprendre les nouvelles perspectives
sur la Venue Glorieuse et ses suites ?
____ Les perspectives ouvertes par le livre de Françoise Breynaert sont multiples. À sa lumière, on regardera désormais tout autrement les systèmes idéologiques ou religieux qui ont prétendu ou prétendent toujours apporter au monde l’unité et le salut – et qui le ravagent. Ces idéologies (ou messianismes), que le livre aborde, ne tiennent que parce qu’elles jouent sur des ressorts très profonds de la psychologie humaine, révélés par l’espérance chrétienne mais utilisés de manière frauduleuse. Il faut donc retrouver la vérité de cette espérance.
____ Hélas, l’espérance chrétienne pour le monde est une perspective qui se trouve fortement marginalisée dans la pensée chrétienne occidentale, depuis que celle-ci s’est enfermée dans des raisonnements abstraits, qu’ils soient conceptuels ou moraux. Or, il s’agit d’une véritable espérance, comme le précise le sous-titre du livre, véritable par rapport aux fausses espérances idéologiques qui mènent le monde à son autodestruction – ce que le XXe siècle a montré et que notre XXIe siècle pourrait bien être en passe de réaliser.
____ Pour tout croyant, Dieu est et reste le Maître de l’histoire. Rien ne Lui échappe, pas même la probable concentration des pouvoirs du monde entre les mains d’une seule maffia, essentiellement grâce au jeu souterrain de l’argent (et des dettes). Ce qui revient aux croyants et à tous les hommes droits, c’est de faire en sorte que ce qui doit arriver advienne dans les circonstances les moins dramatiques possibles pour l’humanité – le pire n’arrivant pas nécessairement.
____ Ici se place la question de l’Anti-christ, qui a fait l’objet d’un long enseignement de Jésus à ses disciples – les textes du Nouveau Testament font clairement allusion à un tel enseignement connu de tous. Il fait partie d’une « logique », celle de la Révélation qui porte d’abord sur Dieu Lui-Même (qui Se révèle) mais aussi sur l’humanité et le sens de son histoire. Il ne s’agit donc pas simplement d’un regard révélé sur le passé, dont parle surtout l’Ancien Testament, mais d’un regard sur l’avenir. Il y a un « dessein divin », qu’on ne comprend vraiment qu’à la lumière de sa finalité : l’entrée en gloire de toute la création. Rien de moins. Donc tout le contraire de la destruction que, depuis le Moyen-Âge, les théologiens latins[1] ont décrété comme étant la « fin du monde », une expression absente du Nouveau Testament (qui parle « d’accomplissement du monde actuel ») – mais qui a inspiré Hollywood.
____ Il faut comprendre, explique saint Irénée, que cette entrée en gloire doit être précédée par le Royaume des justes, un Royaume que Jésus « ensuite remettra entre les mains du Père » (1Co 15,20) : il constitue une étape nécessaire, de sorte que la création puisse être glorifiée au terme, à travers l’humanité fidèle qui en est le sommet. Ce Royaume n’est actuel que sous forme de préfigurations et de préparations diverses. Car Jésus le dit bien, actuellement Satan est le « prince de ce monde »[2]. Il règne sur le monde en se servant des rapports humains qu’il parasite et pervertit – et par lesquels il cherche à s’insinuer en l’homme. Le réalisme très concret du NT nous aide à comprendre. On peut distinguer quatre type de rapports humains :
• les rapports personnels.
L’affectivité et le sens du bien y jouent un rôle déterminant, mais on ne sait que trop que ces rapports, qui devraient être d’amitié, peuvent être pervertis par de sordides calculs ou par des rancœurs et des haines, ou jusque dans leur nature même.
• les rapports culturels.
L’être humain a besoin de se dire à lui-même qui il est, au delà de l’apparence de son corps qu’il voit. Nécessairement, la culture est religieuse dans son essence, ou alors elle se dénature vite (non sans le concours de pouvoirs politiques corrompus). Comme elle est faite surtout de ce qui se dit, on comprend ces paroles de Jésus : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui sort de sa bouche » (Mt 15,11) ; et : « Si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspende à son cou une meule de moulin, et qu’on le jette dans la mer » (Mt 18,6 ; Mc 9,42).
• les rapports politiques.
Il ne peut pas y avoir de civilisation humaine sans organisation politique, donc sans structures d’autorité (normalement destinées à assurer un certain bien commun). Mais il est si facile au Mal de transformer ces rapports en rapports de pouvoir et de soumission, destinés à asservir les autres et à donner aux puissants l’illusion grisante d’un pouvoir divin. De telles tentations sont d’autant plus fortes que le niveau d’autorité est élevé.
• enfin, last but not least, les rapports d’argent – la monnaie.
Les échanges devraient fonctionner en économie du don, où les biens sont produits pour être donnés – celui qui reçoit ayant naturellement à cœur de donner quelque chose à son tour. S’il ne le peut pas , ce n’est pas grave, il ne sera pas réduit en esclavage ! Justement, là se trouve la faille du « donnant-donnant », c’est-à-dire de la « justice commutative » qui est celle du commerce si elle n’est pas relativisée par d’autres formes de justice (distributive, coutumière, équitable). Aristote l’avait déjà entrevu. Voilà le piège subtil et démoniaque, qui menace les systèmes de simple troc jusqu’aux moyens de paiement complexes qui rendent possibles les civilisations, grâce à la multiplicité des échanges.
Ce sont en effet les échanges sans gratuité, sans dons, qui conduisent peu à peu à l’enfer : la richesse tend alors à s’accumuler entre quelques mains – ce que le diabolique Karl Marx avait bien compris. Non sans raisons, Dieu faisait obligation aux Hébreux de remettre toutes les dettes tous les 50 ans.
En fin de compte, on aboutit à une marchandisation totalitaire – tout, même la vie humaine, devient un produit commercial. Et l’actuel système d’argent-dette se charge de transférer les richesses à quelques financiers, non sans le recours à la corruption qui n’est jamais que la marchandisation de l’âme humaine. « On ne peut pas servir à la fois Dieu et Mammon [le dieu de l’argent]», prévenait Jésus (Mt 6,24) !__
____ Si sa Venue-présence (Parousia) spirituelle doit être visiblement évidente, ne resteront sur terre que ceux qui l’auront acceptée – les autres ne pourront supporter cette vue (Mt 13,30). Dès lors, les rapports entre les hommes seront débarrassés de toute emprise démoniaque puisqu’ils seront sous le regard de Jésus. Le Mal sera, pour ainsi dire, « enchaîné » (Ap 20,2). Le Royaume des justes se construira, quoique non sans difficultés car le monde aura été laissé dans un triste état par l’Anti-christ et ses suppôts. Au terme du temps de ce Royaume, selon Ap 20,7-10, le Mal qui ne renonce jamais essaiera encore une ultime tentation, globale cette fois, et le Christ remettra (« ensuite » dit bien 1Co 15,23) ce Royaume à l’éternité.
____ Deux difficultés.
• Pourquoi Dieu aura permis la manifestation de l’Anti-christ qui, n’ayant plus de concurrent, se fera même adorer comme maître et sauveur du monde (à la place du Christ) ? Pour ceci : il aura obligé chacun à prendre position, au moins au plus profond de son cœur et de son intelligence, préparant ainsi le Jugement de la Venue (dont les traditions musulmanes ont gardé un certain souvenir !).
• Si l’on a en tête l’ampleur mondiale de l’évangélisation par les apôtres (Mt 28,19), on comprend que celle-ci aurait pu réussir très vite si tout le peuple avait suivi. Il n’y a donc pas lieu d’interpréter symboliquement Mt 24,14 ou Mc 9,1 où Jésus évoque sa Venue au terme de 40 ans (une génération selon la Bible) : il envisageait là un possible divin réel, tout en sachant que, le péché pesant sur la liberté humaine, cela n’irait pas aussi bien et que sa Venue en gloire adviendrait beaucoup plus tard (cf. Mt 24,6 ; Mc 13,7).
Attendez la venue du Seigneur, car il mettra en lumière ce qui est caché dans
les ténèbres, et il rendra manifestes les intentions des cœurs” (1Co 4,3-5)
Edouard-Marie Gallez
Le texte (en PDF)
– voir aussi eecho.fr/venue-glorieuse-difficulte-factice-et-comparaisons-eventuelles,
eecho.fr/parution-le-christ-viendra-en-roi-et-juge,
eecho.fr/antichrist-et-monde-apres-la-venue-glorieuse-discussions,
et la playlist : https://www.youtube.com/watch?v=l8_koPIMyBM&list=PLsIIgGqUVov8PYD08Z43PBqzwRWCEddkJ .
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[1] Le problème de fond, en Occident, est d’avoir fait sortir la théologie des monastères pour en faire un objet d’étude que l’on dissèque et rationalise dans les universités – les Eglises de l’Orient n’ont pas connu cette « évolution » qui, sous de doctes apparences, appauvrit peu à peu la Révélation jusqu’aux impasses actuelles. Ces Eglises sont toujours restées fidèles à l’attente de la Venue glorieuse. Est-ce un hasard si elles n’ont pas cessé de subir des persécutions ouvertes ?
[2] Jean 12,31 ; 14,30 ; 16,11 ; Eph 2,2.6,12. Le « Prince de ce monde » est déjà jugé, mais il n’a pas encore perdu l’emprise qui possède sur ce monde. Certes, là où les chrétiens sont fidèles, son pouvoir recule, mais rien n’est jamais acquis, loin s’en faut ! Nous sommes dans le provisoire, qui annonce et prépare ce qui sera appelé à durer indestructiblement – après le Jugement.
Justin Fèvre, La mission de la bourgeoisie, 1864 + Compléments
Shalom aleichem
Persistance de la mémoire 1
Socialisme : « Il a réclamé hautement l’amélioration du sort des travailleurs. Réclamation honorable, charitable désir : si le socialisme n’avait jamais fait autre chose, il n’aurait droit qu’aux bénédictions des peuples. Mais à l’expression de ses vœux, le socialisme à joint des théories. Ainsi il a proclamé, comme sont principe, la virginité de la nature humaine ; il a nié la chute originelle et la rédemption. Pour l’application de ce principe décevant, il s’est porté aux plus tristes extravagances, et, comme dit un socialiste fameux, à tous les rêves de la crapule en délire… Utopie, ignominie, faction, extermination : voila le propre du socialisme. »
Justin Fèvre, La mission de la bourgeoisie, 1864.
Conclusion :
« Le socialisme dit scientifique, celui que l’on a définit et accepté dans tous les congrés nationaux ou internationaux du Parti, est tout simplement absurde, ou, si l’on veut nous permettre cette expression, purement idiot. »
Pierre Félix, L’Equivoque démocratique, 1906.
Le Livre des Sept Sceaux, Edition Lumière du Logos, Nice, Nikaïa, 2001.
« Au commencement est le Verbe. » (Début du Livre des Sept Sceaux) + Le Livre des Sept Seaux (Apocalypse 5 – 8) + 2001 + Adam (Professeur Michel Adam, auteur du premier compte rendu du Livre des Sept Sceaux dans la Revue Philosophique 2004, IV, avec demande de ma part d’un droit de réponse. Cette demande faite dans les délais aux Presses Universitaires de France, n’a pas été honoré.) + Nice, Nikaïa (la ville de la Victoire) + Armoirie de Nice (Aigle sur trois montagnes) + Nicolaïte (Apo.2.6 et Apo 2.15) + … : les probabilités ?
Persistance de la mémoire 2
Reproduction ci-dessous du texte tiré de L’ordre subversif de Charles Fourier (1772 – 1837). (Auteur trop souvent dénigré, mais qui a su aussi écrire des textes synthétiques d’une remarquable lucidité, comme celui-ci ; jugez-en !) C’est très clair, dans un texte pareil il n’y a pas de place pour l’équivoque.
METAPHYSIQUE
Dénégation de la Providence et avilissement de Dieu par les métaphysiciens.
Bien différents de Midas qui changeait le cuivre en or, les métaphysiciens ont l’art de changer l’or en cuivre, et de reléguer au dernier rang leur science qui devait tenir le spectre du monde scientifique. C’était à eux de dissiper les charlataneries de la superstition, de la politique et de la morale, qui prétendent diriger les affaires sociales ; c’était à eux de censurer les opérations de Dieu, déterminer les devoirs de Dieu envers nous et ses plans sur l’ordre des sociétés humaines. Mais à quoi la métaphysique s’est–elle arrêtée ? A des arguties sur les sensations, les abstractions et les perceptions. Cette broutille méritait-elle d’occuper la science chargée de résoudre le grand problème des destinées, le problème de l’harmonie universelle ?
Comme théorie des êtres immatériels, la métaphysique est le seul juge qui puisse s’interposer entre Dieu et les sciences humaines ; elle seule peut discuter si Dieu a rempli ses devoirs envers les créatures, et si les sciences ont pénétré et secondé les vues de Dieu. En la voyant renoncer à de si hautes fonctions pour se jeter dans les enfantillages de l’idéologie, ne peut-on pas lui dire :
Comment en plomb vil l’or pur s’est-il changé ?
Etrange (fatalité) bizarrerie ! tandis que chaque science s’efforce d’étendre son domaine et d’empiéter au-delà de ses attributions, la métaphysique seule abandonne ses privilèges, et n’ose pas raisonner librement sur les œuvres de Dieu dont elle est seule juge compétent. Il est désolant de penser que la stupeur, la pusillanimité de cette classe de savants prive depuis 2500 ans le genre humain de la connaissance des lois divines et des destinées (oui, tous les malheurs que le genre humain éprouve depuis 25 siècles sont dû à la couardise des métaphysiciens).
(En l’absence de lois, à défaut de lois divines, il était naturel que les hommes établissent les leurs ; c’est ce qui a donné lieu à trois classe de charlataneries, la superstition, la politique et la morale, sciences dont les auteurs essaient de diriger l’ordre social et de suppléer au défaut des lois divines). (Ces trois sciences de concert ont établi un ordre subversif.)
A défaut de lois divines trois sciences sont intervenues pour diriger le mouvement social, ce sont (la superstition), la Politique, la Morale et l’Economie. Toutes trois de concert ont établies [un principe] qui est le fondement de toutes les erreurs. Elles ont enseigné que la raison humaine peut de son chef, et sans secours de la révélation divine, inventer un ordre social qui fera le bonheur des humains. Cette opinion exclut Dieu de la direction du mouvement social pour la livrer aux philosophes qui ont de temps immémorial conduit le genre humain d’abimes en abîmes, autant de fois qu’ils ont pu tenir les rênes de l’administration.
Tandis que ces 3 sciences (la superstition), l’économie, la politique et la morale partagent la dépouille de Dieu, la direction du mouvement social, on voit régner partout les trois dégénérations physique, politique et morale, qui attestent la dégradation du genre humain, et de l’imbécilité des sciences qu’il a choisies pour guides. En voyant cette malheureuse civilisation, qui après 25 siècles d’études, marche de révolutions en révolutions, de tortures en tortures, qu’attendez-vous, métaphysiciens, d’attaquer en masse les 3 sciences qui remplissent si mal les fonctions de Dieu qu’elles se sont arrogées ? La censure (des superstitieux) économistes, des politiques et des moralisateurs n’appartient qu’à vous seuls. Les attributions s’étendent à déterminer nos destinées en cette vie et dans l’autre, et à confondre tous les charlatans qui prétendent remplir cette tâche…
(L’ordre subversif, Charles Fourier)
Persistance de la mémoire 3
Voici le cœur de la religion chrétienne
« Vous serez parfait comme votre Père céleste est parfait. » (Matthieu 5.48)
Notre Père
Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.
Amen
« Moi, je ne puis rien faire de moi-même : je juge selon ce que j’entends et mon jugement est juste parce que je ne cherche pas ma propre volonté, mais la Volonté de celui qui m’a envoyé. » * (Jean 5.30).
« Ce ne sont pas tous ceux qui diront : Seigneur, Seigneur ! qui entrerons dans le Royaume des Cieux, mais ceux qui font la Volonté de mon Père qui est dans les Cieux . » * (Matthieu 7.21)
« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. » * (Marc 8.34).
« Qui ne se charge pas de sa croix et ne me suis pas n’est pas digne de moi. » *(Matthieu 10.38)
« En vérité, je vous le déclare, si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, non, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. Celui-là donc qui se fera petit comme cet enfant, voilà le plus grand dans le Royaume des cieux. » * (Matthieu 18.3-4)
« Laissez faire ces enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le Royaume des cieux est à ceux qui sont comme eux. » * (Matthieu 19.14)
« Quiconque entraine la chute d’un seul de ces petits qui croient, il vaut mieux pour lui qu’on lui attache au cou une grosse meule, et qu’on le jette à la mer. » * (Marc 9.42)
Vous comprenez ?
*TOB
Qui n’écoute pas et ne met pas en pratique les Paroles de Notre Seigneur Jésus Christ n’est pas chrétien.
Si vous voulez recevoir gracieusement un exemplaire du Livre des Sept Sceaux (Le Retour à l’Evidence) , merci de transmettre une adresse postale. Cordialement.
« Au commencement est le Verbe. » (Début du Livre des Sept Sceaux) + Le Livre des Sept Seaux (Apo 5 – 8) + 2001 + ADAM (Professeur Michel ADAM, auteur du premier compte rendu du Livre des Sept Sceaux dans la Revue Philosophique 2004, IV, avec demande de ma part d’un droit de réponse. Cette demande faite dans les délais aux Presses Universitaires de France, n’a pas été publié, suite à leurs basses manœuvres, qui preuves à l’appuis, les discréditent totalement.) + Nice, Nikaïa (la ville de la Victoire) + armoirie de Nice (Aigle sur trois montagnes) + Nicolaïte (Apo.2.6 et Apo 2.15) + … : les probabilités ?
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En espérant en vous.
Merci Mon Père pour ce très bel article.
C’est un détail dans l’ensemble de l’article, mais je ne suis pas sûr que vous décriviez bien la justice dans le passage suivant: « Justement, là se trouve la faille du « donnant-donnant », c’est-à-dire de la « justice commutative » qui est celle du commerce si elle n’est pas relativisée par d’autres formes de justice (distributive, coutumière, équitable). »
Selon saint Thomas en particulier, la justice commutative ne se réduit pas à l’échange, mais porte sur l’interdiction du meurtre, du vol, du mensonge, du viol, etc., et sur l’obligation de transmission entre générations. La justice commutative affirme l’égalité des hommes entre eux, et l’interdiction de subordonner la fin d’autrui à sa propre fin. Les péchés mortels relèvent majoritairement de la justice commutative, et on peut dire que le problème de notre société n’est pas de s’en tenir à la justice commutative, mais d’emblée de la transgresser. Plus encore, celui qui dilapide un héritage vole ses enfants, et c’est vrai même à l’échelle d’une génération. Une génération peut voler la génération suivante, ce qui crée des générations pendant lesquelles peu sont sauvés.
Quant à la justice ditributive, qui veille à ce que chacun soit à sa place et reçoive ce à quoi il a droit, elle n’atténue pas la justice commutative, mais au contraire rend les situations plus complexes et le discernement moral plus exigeant, ce qui mène aux questions de discernement. Il n’y a pas besoin de discernement pour comprendre que voler est mal, mais beaucoup de décisions qui concernent le groupe et sont légalement libres obligent néanmoins moralement. Par exemple, chaque jeune a le droit de, ou mérite de recevoir une éducation qui mène à la vérité. Idéalement le rôle du maître est d’apprendre à réfléchir par soi-même, certes, mais aussi de guider vers la vérité (la science du Bien) et d’armer contre le mensonge (la science du Mal). La société a la responsabilité collective de choisir la personne la plus adéquate pour cette tâche. Si un parti défendant une idéologie fausse, guidé par l’orgueil et la convoitise (qui sont le ressort moral des idéologies), pousse la carrière d’individus partageant ses idées, il y a alors une triple injustice sur le plan de la justice distributive, d’abord un préjudice pour le candidat malheureux, ensuite un préjudice pour les élèves qui ne reçoivent pas l’éducation à laquelle ils ont droit, enfin vis-à-vis de la société qui a besoin d’une jeunesse vertueuse et sage. De même il est possible moralement de mal voter.
J’espère ne pas avoir simplifié à outrance. Je suis tombé sur quelques commentateurs qui présentaient les choses différemment. En tous cas je pense ne pas me tromper sur la question de la réduction de la justice commutative à la loi des échanges.
Encore merci pour l’article.
Bien à vous,
Benjamin Van Bever