Multiculturalisme, christianisme, islam et cultures
Multiculturalisme, christianisme, islam et cultures
_____Le « multiculturalisme » est le concept sociopolitique actuellement dominant ; son objectif théorique est manifestement le dépassement des cultures, et cela en vue d’une unification humaine. Voilà qui rappellera quelque chose à un chrétien : ne sommes-nous pas là face à l’utopie que la Bible entrevoit symboliquement sous le récit de la « tour de Babel »? Dans cette utopie, on y décèle sans peine le modèle d’une réalité chrétienne qui nous est chère et que des études en cours mettent peu à peu en lumière. En effet, de Jérusalem jusqu’en Espagne et en Chine, jusqu’au Caucase et en Ethiopie, les apôtres ont fait retentir la Bonne Annonce (ou Evangile) : une multitude de communautés ecclésiales en sont écloses, dans des cultures extrêmement diverses – quoique sur un tronc commun substantiel, celui des communautés hébraïques déjà répandues dans tous ces pays. Tel est le « multiculturalisme » de l’Eglise dès les origines : loin de toute utopie uniformisatrice, il s’agit d’une unité de foi, qui est donc transculturelle et qui s’exprime à l’intérieur des traditions propres, ce qui est la marque du plus grand respect pour tout ce qu’elles ont de beau et de bon. Une telle réalité qui n’est jamais figée ne peut pas fonctionner à la manière humaine qui ne connaît que le nivellement uniformisateur. Deux « facteurs » la rendent possible :
- l’action de l’Esprit Saint, qui n’a rien d’un nivellement mais bien d’une élévation au dessus des différences ;
- un fondement commun dans la tradition hébraïque, que chaque culture intègre et développe à sa manière.
____Le succès des Journées mondiales de la jeunesse inaugurées par Jean-Paul II illustre bien ce fonctionnement. Des jeunes du monde entier (y compris des non chrétiens) y font l’expérience d’une unité dans la diversité, qui ne s’explique pas humainement mais qui suppose cependant l’action d’une tradition qui rend possible ces rencontres en les organisant. On peut dire d’ailleurs que cette tradition (catholique) s’enracine dans la mission que Jésus a plus spécifiquement confiée à l’apôtre Pierre.
____Le « multiculturalisme » apparaît comme la caricature du modèle chrétien. D’abord, il s’agit de concentrer dans les mêmes espaces (des villes) des différences culturelles quasiment issues du monde entier. Or, autant on peut développer des relations humaines avec deux ou trois groupes culturels différents – l’Antiquité en donne des exemples nombreux –, autant la gestion d’une infinité de cultures dans un même espace est impossible : quels seraient leurs fondements communs ? Nécessairement, on va alors vers un double phénomène : d’une part une déculturation générale, et d’autre part la ghettoïsation. Les êtres humains ne sont pas des ingrédients qu’on mélange pour obtenir une soupe. Or c’est bien ce genre de projet que certains groupes idéologiques ont eu en tête lorsque, selon des objectifs qui étaient loin d’être seulement économiques, ils ont imposé à l’Europe une immigration massive – en Angleterre, un ancien ministre travailliste a reconnu récemment que l’un des buts recherchés avait été de « changer » la société. Dans la « soupe » obtenue ainsi, le grand perdant est la culture commune – dans la mesure où elle existe – et surtout celle de chacun des groupes humains.
____Or, que reste-t-il quand une population hétérogène ne possède plus guère de culture ? Il advient que les relations sociales se réduisent au seul échange financier individuel, et aussi qu’elles se ferment à l’intérieur d’espaces de type clanique. Dès lors, le rapport à l’autre tend à n’être plus qu’un rapport soit d’appartenance, soit de concurrence que la guerre économique et financière sans fin organise au niveau du monde entier entre les hommes. Voilà précisément ce qu’évitent les cultures dignes de ce nom, en développant d’autres types de relations humaines. L’amenuisement des cultures est donc un facteur éminent de guerre et de misère – de misère parce qu’elles forment la richesse des pauvres, permettant de vivre bien avec peu (« écologiquement », pourrait-on dire). Jean-Paul II, grand défenseur des cultures, l’avait bien compris à travers l’exemple polonais.
____Pour une autre raison aussi, le « multiculturalisme » constitue une menace sociale. En effet, il veut présenter l’islam comme une « culture » et, à ce titre, lui donner une place dans l’espace socioculturel, quitte à l’imposer. Or, l’islam est tout autre chose : c’est un phénomène politico-religieux post-chrétien, et il est même radicalement anti-culturel en tant que carcan de la pensée. On sait l’importance de l’histoire dans l’identité culturelle ; pour toutes les populations tombées au pouvoir de l’islam, l’histoire est désormais dite commencer avec Mahomet – rien d’intéressant ni de bon ne s’est passé auparavant – et elle est supposée s’achever avec l’imposition universelle du mode de vie, de pensée et de langue qu’on imagine avoir été celui du « Prophète » à Médine au 7e siècle. Il suffit de jeter un coup d’œil sur les manuels scolaires obligatoires dans les pays musulmans, pour voir cet endoctrinement à l’œuvre. Il commence d’ailleurs au temps des califes, l’islam formant le rouleau compresseur culturel au service d’une minorité qui occupe le pays et impose sa langue arabe. Certes, l’empire musulman a créé un espace politique où les cultures antérieures ont été amenées à s’exprimer, mais en arabe et avant d’être étouffées, « islamisées » et détruites. Car, pour l’islam, il ne peut rien avoir eu de bon avant Mahomet. Ainsi, pas plus que de culture soviétique, on ne peut parler de culture islamique au sens digne du mot.
____C’est donc un abîme qui sépare l’universalisme transculturel chrétien de celui de l’islam, derrière des ressemblances de façade dues à l’enracinement du proto-islam dans les dérives post-chrétiennes. L’universalité islamique existe, elle est celle d’une réalité de foi coupée du réel, engendrant certains traits psychologiques communs, comme par exemple la victimisation. La raison est de l’ordre de la foi : être musulman induit le sentiment d’être ensemble les victimes d’un monde pervers qui doit être conquis et islamisé, au nom d’un Dieu qui serait pour ainsi dire victime du mal et dont il faudrait imposer et exercer les « droits » sur terre. Certes, il faut reconnaître qu’effectivement, les « droits » de Dieu y sont bien bafoués, mais le seul qui ait à les exercer est Jésus. C’est ce rôle que, collectivement, l’islam prétend assumer. Ce n’est donc pas le Coran présenté (tardivement) comme dicté par Dieu qui assume un tel rôle, comme on l’entend dire parfois, mais bien l’Oumma-communauté musulmane.
____Cette disposition fondamentale rejaillit dans l’adoration. L’adoration de Dieu en islam diffère radicalement de celle des chrétiens. Le Dieu qui y est « adoré » est Celui qui place le croyant de l’islam à la place qui revient à Jésus, au-dessus des autres hommes. Or, qui est-ce que j’adore (en rangs serrés) quand j’adore Quelqu’un qui m’a placé ou plutôt qui « nous » a placés au dessus des autres hommes ? N’est-ce pas une adoration qui, telle un boomerang lancé vers le ciel, revient sur celui qui se prosterne ? Une telle adoration relève d’un problème de foi, et aucune culture ne peut avoir de prise sur elle.
____Ainsi, entre le multiculturalisme néolibéral qui glorifie et impose tout ce qui est « autre », et la théocratie islamique qui refuse et élimine tout ce qui est « autre », nos sociétés civiles sont bien mal en point entre le marteau et l’enclume – et il en est de même dans les pays musulmans ou ailleurs. Le problème est mondial. Cette situation est également celle de l’Eglise du Christ, moyennant une différence déterminante : en elle se trouvent les solutions puisque les systèmes idéologiques ou « de foi » qui défigurent la société ont été dérivées d’elle (par exemple le projet de multiculturalisme ou l’adoration-boomerang dont il est question ici). Malheureusement, la plupart des chrétiens ne le savent pas. Si la bonne volonté humaine ne peut rien contre ces systèmes, il devrait en être autrement grâce à l’action des chrétiens dans la foi, eux qui ont l’expérience de ce qu’est le seul et véritable multiculturalisme. Il faudrait simplement qu’ils le sachent.
Une question à ce propos, très limpide par ailleurs : ce projet multiculturaliste a, pour le moins dans sa formulation, comme motivation majeure un désir de paix sur la cité terrestre.
L’évangile nous promet le feu et la dispute entre frères. Doit-on s’y résoudre pour autant…?
comment construire concrètement la paix sans tomber dans le « consensus mou », voilà la question qui est posée encore.
N’est-ce pas là un paradoxe magnifique ? Alors que l’athéisme et l’humanisme prêchent sans fin la paix et l’harmonie entre les peuples et n’obtiennent que le conflit et l’adoration de l’argent, le Christ promet le feu et la dispute et offre l’eau du baptême et la réconciliation.
Le Christ promet la croix et nous offre la Résurrection.
Pierre-Henri Taguieff, philosophe, politologue et historien des idées, directeur de recherche au CNRS, Centre de recherches politiques de Sciences Po (Paris, CEVIPOF), propose une analyse philosophique sans complaisance de l’idéologie du multiculturalisme.
Give praise, worship and adoration to the Lord Jesus Christ ! My commend gives an echo to the ‘the other comment’ of Jean on the 24th of november.
As it is put forward we are here in front of a paradoxe, where the driving-force of the Spirit can be found out by the toughness of the battle itself. It seems to me that the lightness wherewith the islam-intellectos wuther away the foundation of the whole of natural science that is ‘Evolution’ -in it’s general outreach – …gives enough lkeenness to a further diagnosis, namely that there is no future in ‘not taking up a chalenge’, see?
For the christians there is another challenge whereby they can not ‘turn away’ and tyhat is : « that they all may be one, o Father, like You are in me and I in Thee » … Can this be a Light for you and me?
Let’s give thanks for the work of the holy Virgin Mary!
a flemish christian/