Mgr Jacques Mourad, archevêque syro-catholique de Homs
Le Père Jacques Mourad, âgé de 54 ans, a été choisi par le Synode des évêques de l’Église syriaque-catholique pour prendre la tête de l’archidiocèse syro-catholique de Homs (Syrie) début janvier 2023. Il détient une licence en philosophie et théologie, puis une licence en liturgie à l’université Saint-Esprit de Kaslik (Liban).
En 2015, il a passé cinq mois comme otage des terroristes islamistes. Il avait été parmi les fondateurs de Deir Mar Moussa avec le père jésuite Paolo Dall’Oglio, avant d’être ordonné prêtre de l’archiéparchie de Homs des Syriaques (1993) puis responsable du couvent Mar Elian et de la paroisse de Qaryatayn. C’est là qu’il accueillait beaucoup de réfugiés et qu’il fut enlevé.
Il avait avoué ses inquiétudes à des amis, la veille, le 20 mai : « Nous vivons en ce moment un temps difficile, beaucoup de tension car les extrémistes de « Daech » approchent de notre ville de Qaryatayn après leur prise de Palmyre où ils ont tué beaucoup de gens en coupant les têtes… C’est terrible ce que nous vivons… Aujourd’hui nous sommes là, demain on ne sait pas… La vie devient compliquée… Priez pour nous S.V.P. »
De ces journées de violence, de harcèlement, de privation, de torture psychologique et physique, le père Jacques préfère se souvenir d’un miracle qui a eu lieu le 31 août 2015. Après les trois premiers mois d’emprisonnement à Raqqa, il fut transféré dans une prison près de Palmyre, où il a retrouvé 250 chrétiens de sa communauté. Un groupe de chefs djihadistes s’est rendu sur place ce jour-là.
«Ces cinq hommes de Daech m’ont emmené dans une petite pièce et leur chef a commencé à me lire une déclaration du calife al-Baghdadi, le chef de Daech, adressée aux chrétiens de Al-Qaryatayn. C’était une longue série de lois pour nous chrétiens qui vivions sous le contrôle de l’Etat islamique.» Le père Jacques apprit avec grande surprise que sa communauté serait ramenée à Al-Qaryatayn, qui devenait toutefois pour eux une sorte de prison à ciel ouvert. Ils seraient soumis à une série de lourdes interdictions, mais pourraient à nouveau célébrer la Sainte Messe.
«Je ne pensais pas pouvoir recommencer à célébrer l’eucharistie et recevoir la communion. Ce fut pour moi un don immense de la miséricorde de Dieu », expliqua le P. Mourad. Au cours de la conversation avec son geôlier, il voulut s’assurer que ses fidèles reviendraient et resteraient dans leurs maisons et a demandé aux terroristes pourquoi le Califat avait choisi de les ramener à Al-Qaryatayn. «Le chef djihadiste m’a dit qu’ils l’avaient décidé parce que nous, chrétiens de cette communauté, n’avions pas pris les armes contre les musulmans. Cette réponse m’a beaucoup frappé et m’a fait comprendre beaucoup de choses. J’ai surtout compris que ceux qui décident de ne pas pratiquer la violence peuvent, par leur choix, changer l’attitude de ceux qui ont l’habitude de prendre les armes. Nous avons été sauvés grâce à notre vocation de chrétiens, témoins de paix.»
La ville de Homs est toujours en reconstruction, à cause de la guerre euro-américaine des « sanctions » – ici une des rues encore en ruines (en tout cas en 2011) :
C’est certainement un saint homme mais la phrase suivante est hautement problématique et porteuse d’illusions iréniques «Le chef djihadiste m’a dit qu’ils l’avaient décidé parce que nous, chrétiens de cette communauté, n’avions pas pris les armes contre les musulmans. J’ai surtout compris que ceux qui décident de ne pas pratiquer la violence peuvent, par leur choix, changer l’attitude de ceux qui ont l’habitude de prendre les armes. Nous avons été sauvés grâce à notre vocation de chrétiens, témoins de paix.»
Car le concept de guerre juste est fondamental… C’est parce que les chrétiens d’Orient ne se défendent plus qu’ils disparaissent tout simplement, par persécution, massacre, impôts, menaces, guerre etc.
Penser arrêter cette haine radicale en tendant la joue droite est hautement illusoire : heureusement que Charles Martel et que les papes du Moyen Âge n’ont pas suivi cette voie… Les croisades étaient légitimes et ont empêché non seulement que l’islam déferle plus tôt en Europe mais elles ont aussi permis de préserver ces chrétientés d’Orient qui étaient majoritaires ou presque et qui ont quasi disparu à force de faiblesse militaire. A titre individuel, c’est un choix saint de tendre la joue, mais les politiques ne doivent pas appliquer cette méthode aux populations dont ils ont la charge.
Certes, se défendre est aujourd’hui difficile mais se soumettre à la Soumission (i.e. à l’Islam), devenir des dhimmis n’est pas la solution. Il est facile de le dire en Occident (et encore, cela dépend où on habite…) mais tant pis, la vie n’est pas facile en général…
En réalité, l’Occident médiéval a eu tort de ne pas protéger les États chrétiens d’Orient comme le royaume de Jérusalem et celui de Chypre… et plus tard il a eu tort aussi de ne pas créer des États bastions protecteurs pour les chrétiens d’Orient en Irak et en Syrie. Des pasteurs mal inspirés ont cru attendre de la bienveillance des dirigeants islamiques leur protection, c’est illusoire : même les régimes baasistes ont, certes plus mollement, poursuivi l’islamisation des populations car il faut être aveugle pour ne pas voir que nationalisme arabe amène l’islamisme naturellement… nombre de baasistes chrétiens sont d’ailleurs devenu musulmans par nationalisme arabe… Il faut donc au moins un État indépendant ou à la rigueur un État fédéré dans un État fédéral multiconfessionnel qui par sa constitution et son identité mêmes, par ses forces militaires protégera les chrétiens d’Orient. Le reste est illusion dangereuse qui depuis des siècles conduit à l’extinction les chrétiens orientales en pays musulman. Le syndrome de Stockholm est un poison.
Après, on peut comprendre que pour des raisons politiques, on tienne ce genre de propos mais c’est reculer pour mieux sauter et quasi-disparaître.