L’Islam au risque de l’histoire, parution 2008
L’Islam au risque de l’histoire, numéro spécial 123-124 de la revue Résurrection, avril 2008 – disponible dans les bonnes librairies.
La surréalité – terme forgé par les dissidents du temps de l’Union Soviétique – est une vision de l’esprit qui veut s’imposer à la réalité humaine et qui est supposée être plus vraie que la réalité que l’on peut expérimenter et connaître. En fait, c’est une vision de foi : seule la « foi » peut tenter d’imposer à la réalité ce qu’elle doit être. Mais quel rapport existe-t-il entre ce genre de « foi » et la foi chrétienne apostolique ? L’islam est-il ce qu’il dit être ? Une Révélation venue de Dieu peut-elle fournir une recette pour établir un monde meilleur ? Dieu veut-Il l’islam ou autre chose ? Et si la solution était dans la perspective de la Venue glorieuse, qu’il faut certes préparer mais qui dépend avant tout de l’initiative de Dieu ? Dieu seul peut éradiquer le Mal. Tel est l’objet de la contribution de Edouard-M. Gallez, qui ouvre les axes nouveaux.
Ensuite, la question de la femme en islam est abordée. Rappelons ce verset coranique : “De vos épouses et de vos enfants [vient] un ennemi pour vous ; prenez y garde !… Vos biens et vos enfants sont seulement une séduction (ou une tentation, fitna)” (sourate 64,14.15 – traduction littérale). La femme est une séductrice, elle est considérée comme un danger qui détourne de « Dieu ». C’est pourquoi elle doit être tenue en suspicion et éventuellement battue (tout le monde connaît ces versets, mais pas la raison sous-jacente).
Le père Jourdan est ensuite interviewé à propos de son livre Dieu des Chrétiens, Dieu des Musulmans. Des repères pour comprendre, préface de Rémi Brague, éditions L’œuvre. Ce livre de 207 pages est vraiment rafraîchissant, notamment dans les compilations de citations (par exemple p.32-33 ; 48-53). Son langage refuse les faux-semblants ; ce n’est pas un hasard s’il est paru avec huit mois de retard. Notons que le père Jourdan est amené à quitter la France pour les Philippines au mois de septembre.
Après le rappel par Sobhy Gress, fondateur de l’Association « Visages et culture des Coptes », la notion vécue d’Oumma islamique (un terme qui est faiblement rendu par le mot Communauté), Magdi Zaki, professeur de droit international à Paris, attire l’attention sur les persécutions subies aujourd’hui par les chrétiens en Egypte. Son livre paru en 2006, qui fait autorité et qui fut écrit dans les larmes, l’Histoire des Coptes, expose cette triste histoire depuis le 7e siècle.
L’article suivant traite de la question de la victimisation, qui est le pendant de celle de la violence. Il n’est pas inutile de rappeler qu’un monde où Dieu est dit choisir certains pour être au dessus des autres et les soumettre (sens de la racine de islam) est un monde où les rapports humains sont empreints de violence. Au contraire, un monde où l’idéal est le service des autres conduit à une société où il fait bon vivre, et où la richesse (matérielle et culturelle) est largement produite et profite à tous. « Je (le Fils de l’homme) suis venu non pour être servi, mais pour servir » indique Jésus (Mt 20,28 ; Mc 10,45). Cet énoncé a, pour ainsi dire, été inversé.
Ensuite vient une passionnante analyse, dans un langage simple, des passages principaux du Coran en lesquels les musulmans fondent l’idée de la succession des « Messagers »: Mahomet est dit avoir été annoncé par Jésus ; et l’un et l’autre sont dits authentifier les Ecritures qui les précèdent. Ce dernier point est particulièrement curieux. Car si des Ecritures annoncent quelqu’un à venir, ce sont elles qui l’authentifient. Celui qui vient après n’a pas à authentifier ce qui l’annonce, cela n’a pas de sens. Où est l’erreur ? On découvrira bien d’autres choses étonnantes en lisant cette courte étude.
Enfin, l’article Foi et raison en Islam de Lucie Raumi part du constat suivant : l’usage de la raison est considéré comme une garantie de non-dangerosité d’une religion. Cependant, tout usage de la raison n’offre pas cette garantie. Concernant l’islam, il est indéniable qu’un large usage a été fait de la raison. Cependant, le cadre de pensée de l’islam a déterminé la manière dont elle a été utilisée. D’une part, la question essentielle de l’islam, qui se définit comme soumission, est : « que faire pour obéir à Dieu ? ». Aussi, une priorité fût donnée à la raison pratique (« Que faire ?) sur la raison théorique (« Qu’est-ce qui existe ? Qu’est-ce que c’est ? »), au risque de l’étouffer. D’autre part, la fonction de la raison pratique est elle-même restreinte : la loi de Dieu étant entièrement révélée dans le Coran, la raison va principalement chercher à déduire un code juridique du Coran.
Un numéro qui fera date !
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