L’humilité de Noël
Depuis toujours, dans une situation de pouvoir ou de richesse, l’être humain a tendance à mépriser ceux qui lui sont inférieurs : c’est un triste héritage de la propension au mal accrochée à la nature humaine et appelée « péché originel » dans la théologie catholique.
Les sociétés pré-chrétiennes ont essayé d’endiguer quelque peu cette tendance au mal, souvent vainement. Mais ce n’est essentiellement plus de cette manière que la question se pose depuis ces temps-là, et particulièrement aujourd’hui : avec le christianisme (préparé par les lois de sainteté et la foi des Hébreux), le mal présent en l’homme et dans les relations humaines est désormais combattu.
Inversement, le mal est redoublé à cause de l’apparition d’anti-christianismes dès la fin de l’époque des apôtres (qui sont les post-christianismes, cf. cette parution 2025) : ces phénomènes ne combattent pas la tendance au mal, bien au contraire, ils l’utilisent. Ils font appel à ce qu’il y a de plus trouble dans l’humain. Il ne s’agit pas seulement de la publicité, pensée à des fins d’enrichissement, mais de bien pire à l’image de l’ingénierie sociale que nous avons vue à l’œuvre à une échelle planétaire de fin 2020 à 2022. Et les pires et les plus funestes manipulations sont celles qui utilisent, dénaturent ou détruisent la dimension religieuse naturelle de l’homme, c’est-à-dire le rapport à son Créateur.
Jésus, lui, ne manipule jamais. Il est celui qui a dit : « le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon d’une multitude » (Mt 20,28 ; Mc 10,45). Et surtout, il est venu parmi nous dans la petitesse et la dépendance du nouveau-né, et aussi dans la discrétion : seules quelques personnes ont été mises au courant, et par des anges de surcroît !
Fêter un nouveau-né, rien en devrait réjouir autant tous les humains. Mais les Hérode d’aujourd’hui, génocidaires et autres, n’aiment pas cette fête, ils la détestent même. Voilà encore et toujours l’annonce prophétique de Siméon qui se réalise : l’Enfant sera « un signe qui provoquera la contradiction » (Lc 2,34). Jésus lui-même dira : « Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! » (Lc 7,23).
Nous sommes impliqués dans un mystère qui nous dépasse complètement, et la crèche de Noël en est l’entrée. Osons prier et nous réjouir devant cet Événement-Avènement inouï qui a changé notre histoire et qui fonde notre Espérance.
P. Edouard-Marie