L’espérance de Pâques et le Salut
L’espérance de Pâques et le Salut
__ Pâques suivra la mort de Jésus sur la croix. Le vendredi saint, les apôtres et disciples n’en avaient aucune espérance, malgré les annonces faites par Jésus, et ils avaient encore moins conscience de ce qui se passait tandis qu’ils étaient accablés et anéantis. Pour reprendre les termes du Catéchisme de l’Église Catholique, Jésus était en train de réaliser la « phase ultime de sa mission messianique », à savoir « l’accomplissement jusqu’à la plénitude de l’annonce évangélique du salut » en rencontrant, en son âme humaine, les âmes des défunts « de tous les temps » (n° 634-635), pour leur annoncer le salut (1P 4,6).
__ Ce que les apôtres ont commencé à comprendre de cette annonce après la Résurrection s’est difficilement transmis à l’esprit gréco-latin et a même été quasiment oublié dans les traditions théologiques qui se sont élaborées en Occident. Du moins jusqu’à Benoît XVI. L’Église latine doit lui être extrêmement reconnaissante d’avoir remis au jour, dans sa réalité, cette annonce par Jésus aux défunts. Car il s’agit ni plus ni moins du « moment » (ou « lieu ») où s’opère l’offre réelle universelle de salut, ce qui est particulièrement important et même décisif pour ceux qui n’y avaient pas été confrontés durant leur vie terrestre − offre soumise à condition d’aller vers Lui qui est la Lumière (Jn 3,20-21) et donc d’accepter d’entrer dans une démarche de pardon et de purification. Il va de soi que seuls ceux qui acceptent pourront passer par Lui vers la Vie éternelle (voir ici pour plus de précisions).
__ Ce mystère dit de la « Descente aux enfers », dont presque personne ne parle, a une importance capitale non seulement parce qu’il nous intéresse tous (c’est une certitude absolue que nous mourrons), mais aussi parce que sa prise en compte évite bien des impasses théologiques ou pastorales, passées ou actuelles, notamment autour de ce (faux) problème : comment Dieu fait-Il pour sauver ? En fait, Il ne nous cache rien, Il fait simplement comme Il l’a dit, et les apôtres ont bien compris. Il n’y a pas lieu d’imaginer d’autres chemins que Jésus qui mèneraient à la Vie éternelle – dès ce monde ou dans l’au-delà où Il nous a précédés.
__ La foi est simple, à la différence des définitions dogmatiques qui cherchent en indiquer tel ou tel aspect et qui sont bien incapables de la donner. C’est justement la foi qui manque, à notre monde et à l’Eglise en Occident, explique le Pape Benoît XVI dans une lettre publiée le 10 avril dernier dans un journal allemand. En Allemagne, 25% de ceux qui se disent catholiques (et 35% de ceux qui se disent protestants) ne croient même pas en Dieu. Et si on les interroge sur la résurrection réelle de Jésus, le pourcentage d’incroyance explose. Que sont donc ces chrétiens qui passent dans les rues (et peu dans les églises) et qui ne croient en (presque) rien ? Ici, il n’y a pas de mystère, ni même rien de surprenant : il s’agit de ceux qui adhèrent vaguement aux traditions morales qui leur ont été transmises. Et, aujourd’hui, il s’agit majoritairement de personnes d’un certain âge. C’est tout.
__ En même temps, l’essentiel est ailleurs : l’Esprit Saint ne cesse d’agir partout où Il n’en est pas empêché. Il « travaille », selon le mot même de Jésus (parlant de la foi justement, Jn 6,29). Du 10 au 12 se tenait à Bruxelles la rencontre européenne des convertis originaires de l’islam. Les plus beaux témoignages sont ceux qui montrent cette action de Dieu, parfois dans des circonstances dramatiques comme au nord du Nigeria où les chrétiens sont victimes par milliers d’une haine islamiste génocidaire. Cela, l’Occident ne veut ni le voir ni le comprendre (même face aux faits et à sa propre actualité) ; il faut dire qu’il se situe lui-même dans une autre logique de violences, celle du rationalisme matérialiste : l’une et l’autre de ces deux « logiques » aveuglent la conscience de peuples entiers, faisant semblant de se justifier l’une par opposition à l’autre.
__ Un outil pour sortir autant de l’une que de l’autre de ces logiques est assurément ce manuel de déradicalisation, qui les met en question ensemble par rapport à l’espérance chrétienne (puisqu’elles sont en premier lieu de détournements d’espérance). Une fois que les blocages et les structures de mensonge sont ébranlés, l’Esprit peut toucher facilement les esprits et les cœurs. C’est ce que nous sommes appelés à regarder en ce moment de l’année.
__ Quarante jours après Pâques, Jésus a disparu aux yeux de ses apôtres de manière toute spéciale, vers le ciel, pour montrer qu’il ne se manifestera plus corporellement mais qu’il enverra une Présence beaucoup plus importante pour eux (et pour nous) que le fait de se trouver à côté d’eux : une Présence qui sera sur eux et en eux. Ce sera dix jours après « l’Ascension »…
P. Edouard-Marie
Oui personne ne parle comme il le faudrait des persécutions et génocides antichrétiens. Non pas que ces choses horribles soient toujours tues, mais elles ne font pas la une des journaux comme il le faudrait. La désinformation des grands médias passent moins par l’invention de faits que par une mauvaise hiérarchisation des faits et de leur écho médiatique.
Oui, ce mystère dit de la « Descente aux enfers » est insuffisamment connu alors qu’il devrait être au centre de toute la théologie et sotériologie chrétienne et catholique. Il faudrait que soit écrit un livre intitulé « La Descente aux Enfers » qui explique et précise complètement comment lors du Samedi Saint, Jésus a réalisé la « phase ultime de sa mission messianique », à savoir « l’accomplissement jusqu’à la plénitude de l’annonce évangélique du salut » en rencontrant, en son âme humaine, les âmes des défunts « de tous les temps » (n° 634-635), pour leur annoncer le salut (1P 4,6). Ce Samedi Saint permet la rencontre avec les défunts y compris ceux d’après la mort de Jésus, y compris ceux d’aujourd’hui. Une thèse complète, reprenant et explicitant le contenu du CEC sur ce point, à la lumière de la pensée des Pères orientaux et de Benoît XVI serait utile. Cela permettrait aussi de comprendre théologiquement et chrétiennement ce qui se passe à l’heure de notre mort, et comment le salut est proposé à tous les hommes.
Oui, enfin, si les chrétiens d’Occident ne veulent pas subir dans quelques années le sort peu enviable des chrétiens d’Orient (qui étaient également dans leur pays avant la conquête arabe qui a arabisé et islamisé de force les coptes, les araméens, les maghrébins), il faut entreprendre l’évangélisation des musulmans, avant qu’en Europe également l’apostasie ne soit punie de mort, selon le commandement islamique.
Oui, il y a déjà ce livre :
BONNE NOUVELLE AUX DEFUNTS, Préface de Mgr Roland Minnerath, archevêque de Dijon,
voir https://www.eecho.fr/lau-dela-dans-le-christ-et-le-salut-une-etude
et https://www.eecho.fr/mystere-de-la-mort-et-rencontre-du-christ-objection.
Merci Grégoire. Ce livre est formidable et tout chrétien et catholique devrait le méditer. Mais on peut imaginer un ouvrage plus lourd, du type thèse de plusieurs centaines de page pour un public très savant. On pourrait aussi souhaiter un ouvrage qui reprenne les premières moutures du CEC sur ce sujet, qui était plus complète et riche encore que le CEC. Il semble que le Père Edouard-Marie Gallez avait évoqué cette version plus développée dans une vidéo. Cela mériterait d’être connu davantage des croyants du monde entier. Ce sujet de la prédication par Notre-Seigneur de l’Évangile aux défunts de tous les temps dans le moment de la descente au Shéol est si peu connu que plusieurs livres ne seront pas de trop.
Quoi qu’il en soit, merci à EEChO pour son merveilleux travail d’information, notamment des catholiques occidentaux, qui ont beaucoup à apprendre de l’Orient et des textes araméens.
C’est toujours avec un très vif intérêt que je lis les écrits du Père Edouard-Marie.
Toutefois, qu’il me permette de lui faire remarquer que : si <>, je trouve cela bien injuste pour la « tradition grecque », c’est à dire Orthodoxe.
En effet, l’unique manière de représenter la Résurrection pour l’Eglise Orthodoxe (Mais aussi pour toutes les communautés ecclésiales, unies à Rome, issues « d’Eglises-mère » orthodoxes) est la représentation, sur toutes les icônes de la « Fête des fêtes », de la « Décente du Christ aux enfers », par ailleurs, si magistralement exécutée sur l’admirable fresque de l’église stambouliote « Saint-Sauveur-in-Chora », celle qui très judicieusement figure sur la couverture du livre « Bonne-Nouvelle aux défunts » cité plus haut.
Rien à voir avec les diverses représentations du « Tombeau vide » en forme de sarcophage, ou encore de croix nue recouverte d’un voile blanc de la tradition catholique romaine.
En réponse à la contribution de Julien, ajoutons que si la Foi de nos frères chrétiens occidentaux apparaît aspirer à être plus spéculative, plus discursive et au final plus « cérébrale » ; celle des orthodoxes est davantage axée sur la contemplation de la « Beauté-Vérité » dont l’cône est reflet ruisselant de la « Lumière incréée », qui est « Présence de toute présence ».
Pour résumer, l’Occident est, me semble-t-il, davantage dans la « démonstration intellectualisante » , tandis que l’Orient orthodoxe est dans la « révélation-intériorisation » adressée à « l’intelligence du cœur » de celui qui la contemple, d’où l’importance de la « théologie » de l’icône.
Icône, si souvent incomprise et jamais véritablement reçue en Occident, malgré le dernier concile tenu pour œcuménique par l’Eglise alors « indivise » du 1er millénaire chrétien (cf. Nicée II).
En fait, la représentation orthodoxe iconographique traditionnelle évoque la sortie du Christ des enfers plutôt que sa descente : celle-ci est supposée. La signification de celle-ci est supposée également. Sauf que cela va mieux encore quand on le dit !
A l’attention d’ E.M.G. :
Les magnifiques vitraux des cathédrales, dites « gothiques » , pour leurs concepteurs, tout comme pour leurs commanditaires, à savoir le clergé catholique romain, se suffisaient à eux-mêmes, sans qu’il leur paru nécessaire d’y adjoindre un texte explicatif ( cf. A l’inverse des « bulles » des bandes dessinées contemporaines).
Au reste, depuis l’abandon de sa langue liturgique universelle par l’Occident catholique romain, comment être compris par tous à l’heure des échanges et des brassages de populations dans le cadre de la « mondialisation » (sans compter ceux qui ne savent pas lire !) sinon revenir, ou plutôt pour l’Occident chrétien : venir à l’icône qui « écrit en couleur ce que la Parole dit » ? (Saint-Jean Damascène).
Pour qui sait la regarder et la lire, l’icône orthodoxe de la Résurrection montre les portes des enfers fracturées et gisant disloquées au sol : vantaux, serrures et gonds.
Cela ne représente-t-il pas le résultat d’une réelle intrusion violente par effraction de la « Descente aux enfers » du Christ-Sauveur, ici en rien seulement « supposée », plutôt que Sa sortie consécutive avec les « justes » désormais sauvés, invités à Le suivre en Son Royaume ?