Éclaircir un peu ce qui concerne l’Au-delà ?
Cet article montre qu’une certaine pensée « traditionnelle » sur l’Au-delà peut conduire à la « théologie des religions » relativiste. Merci au Salon beige qui l’a fait paraître en réponse à un article s’inspirant du livre désolant de Noonan, L’option finale dans la mort : Réalité ou mythe ?, 2016. Il est toujours dommage que des esprits sensés s’arque-boutent sur des formules et dénigrent toute personne qui réfléchit. Les questions relatives à l’Au-delà sont assurément difficiles, nous sommes obligés d’employer des images ou des analogies. Il est donc important de comprendre de quoi on parle vraiment (se reporter sans hésiter aux URL mentionnés ci-dessous).
P. Edouard-Marie
L’Au-Delà et le Salut : la Révélation de Notre-Seigneur
La foi chrétienne est la foi en Quelqu’un qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». La Vérité est l’un des trois aspects de son mystère qui se dévoile à nous, et adhérer à la Vérité ne se réduit pas à répéter formellement un catalogue de vérités exprimées dans des formules. Les formules, très prisées par l’esprit latin, ne font qu’indiquer, comme un poteau indicateur montre dans quelle direction il faut aller. On n’oubliera pas que, dans le passé, l’Occident a traité d’hérétiques tous les chrétiens d’Orient parce que leurs diverses manières de parler ne correspondent pas exactement aux formules des catalogues latins de vérités à croire. Ce faisant, on a perdu de vue qu’une hérésie n’est pas d’abord une non-conformité à un catalogue des vérités (auxquelles il est facile de faire semblant de se conformer), mais la volonté d’utiliser la Révélation (et la figure de Jésus) en la contrefaisant en fonction d’intérêts ou d’objectifs contraires à la Tradition apostolique et au bien de l’Eglise et du monde. En fait, les critères de la vraie foi ont déjà été donnés par le Nouveau Testament, non seulement parce que Jésus lui-même en a parlé à l’avance, mais parce que les apôtres Pierre, Jean et Jacques, et bien sûr Paul aussi, ont été confrontés aux premières dérives de la foi ‒ et qu’en fait, ce sont toujours les mêmes.
Le danger des formules est particulièrement évident à propos des choses de l’Au-delà, qu’aucune parole humaine ne peut dire adéquatement : nos mots ou nos représentations picturales sont très imparfaits face à ces réalités indicibles. Seules des images peuvent évoquer l’Au-delà, avec toute la prudence nécessaire. Des formules (surtout quand elles sont prises univoquement) n’aboutissent ici qu’à ôter toute crédibilité à la Révélation relative à l’Au-delà, ou pire encore, à des absurdités ou à des affirmations qui détruisent la foi ‒ on va le voir.
Comment donc aborder la Révélation de Notre Seigneur concernant l’Au-delà ?
Si l’on part de l’amalgame entre conversion et positionnement définitif de l’âme, tout est bloqué. On crée cet amalgame en refusant qu’il se passe quelque chose dans l’Au-delà. Dès lors, le sort éternel de tout homme serait fixé sur terre, en particulier lors de son dernier soupir, au moment « t » ‒ d’où la terreur de la dernière pensée qui pourrait anéantir toute une vie de conversion. Puis au moment « t+1 », le défunt se retrouverait instantanément dans l’une des salles de l’Au-Delà : le Ciel éternel pour les Saints, l’Enfer éternel pour les damnés, et le Purgatoire temporaire pour les ni saints ni damnés. Comment donc fonctionne ce transfert supposé instantané ? Des auteurs renommés ont produit autrefois des montagnes de doctes écrits pour le rendre plausible, en faisant appel aux mérites ayant supposément été gagnés (ou non) par le défunt, tout en disant que le salut ne peut être dû qu’à la Grâce ‒ il faut être très docte en effet pour démontrer une chose et son contraire, et faire croire qu’on a tout expliqué. Vu que le peuple chrétien a l’habitude d’être enfumé, il n’est pas difficile de faire appel ensuite à son bon cœur : Dieu est-il si méchant qu’il réserve son salut aux seuls baptisés ? Non, bien sûr, Dieu trouve certainement des moyens de glisser subrepticement un billet pour le Ciel dans la poche de braves musulmans ou de bouddhistes « méritants » ou d’autres encore ‒ un billet équivalant quasiment au baptême chrétien. Nous sommes dans l’hypothèse où il ne se passerait rien dans l’Au-delà.
En fait, trois incompréhensions fondamentales vicient cette hypothèse et ses raisonnements.
- D’abord concernant le temps(« t » et « t+1 »). De quoi parle-t-on ? Mise en lumière il y a pourtant plus d’un siècle déjà, la relativité du temps terrestre n’est toujours pas prise en compte par les théologiens : ou bien ils projettent le temps terrestre dans l’Au-delà[1], ou bien ils imaginent que l’âme humaine, sortie instantanément du temps (au temps « t »), se retrouve tout à coup dans le non-temps (« t+1 ») mais qu’en même temps (si l’on peut dire), il y aurait quand même un temps à passer au purgatoire (sinon il serait éternel). Comme c’est contradictoire, on dit maintenant qu’il n’y a plus de purgatoire (ni d’Enfer, d’ailleurs) ; le défunt qu’on enterre est envoyé au Ciel, cela évite tous les problèmes et ça fait plaisir à la famille ‒ sauf à ceux qui savent que le défunt était une belle canaille.
_ - Ensuite concernant la Rencontre (de Jésus). Comment un positionnement définitif pourrait-il être pris sinon devant Jésus ? Si Dieu donne des billets pour le Ciel à beaucoup durant leur vie terrestre sans qu’ils aient rencontré Jésus, à quoi celui-ci sert-il ? Ceci fait rugir les convertis qui, eux, disent précisément avoir rencontré Jésus, et que cette Rencontre a changé leur vie ! Ils sont embêtants ces convertis : on a beau leur dire que cela ne sert à rien d’être chrétien et que les sacrements sont seulement des occasions de montrer qu’on appartient au club « Eglise », le club des chrétiens conscients de l’être (les autres hommes étant des « chrétiens anonymes », explique Karl Rahner) ; ils croient quand même.
A la vérité, la théologie occidentale ne sait pas ce qu’est la « Rencontre » (qui est d’ailleurs, dans les langues occidentales, un mot apparu au cours des 17e-18e siècles, et qui donc manquait en latin ou en grec quand notre théologie habituelle s’est constituée).
_ - Enfin concernant le « jugement » dans l’Au-delà, qui n’en est justement pas un.
Nous parlons ici du concept de « jugement particulier», une expression absente du Nouveau-Testament et créée par la théologie scolastique. Dans le N-T, Jésus ne se présente jamais comme le Juge des personnes particulières ; en revanche, quand il évoque le terme du temps actuel, il parle de lui-même comme du Fils de l’Homme (selon l’expression du Prophète Daniel) qui se manifestera au monde comme Juge, après la manifestation de l’Anti-christ (d’où la nécessité du Jugement). Il ne faut pas tout mélanger. Dans le mystère de la rencontre personnelle avec Jésus, il y a non un jugement mais une confrontation avec la Lumière. La Lumière révèle tout, en particulier le péché (Jn 3, 19-21). Elle est le Christ. On l’accepte ou non. Si on suit le Christ, on passera par lui vers le Père ; si on fuit la Lumière, c’est pour toujours. Ce positionnement commence déjà sur terre un peu ‒ parmi les chrétiens et en marge si l’on peut dire.
En effet, une rencontre peut aussi se passer mal, ou commencer bien et finir mal (Jésus a évoqué un « péché contre l’Esprit »). Avant de devenir sataniste, le jeune Karl Marx avait écrit des poèmes chrétiens. En mettant en contact avec Jésus, l’évangélisation entraîne le positionnement. La question : « que deviennent la plupart des hommes qui n’auront pas eu, durant leur vie, la possibilité d’être évangélisés et de se convertir ?[2] » s’en trouve éclairée. La Rencontre qui n’aura pas pu advenir sur la terre prend tout son sens dans l’Au-delà où elle sera plénière : c’est particulièrement pour eux que Jésus est « descendu » « évangéliser » aux « enfers » c’est-à-dire dans le devenir du mystère de la mort (1P 3,19).
On comprend alors non seulement 1Jn 3,19-21 (qui affirme que tout homme sera confronté à la Lumière ‒ ce qui n’est possiblement universel que dans l’Au-delà) mais aussi la finale de Marc (16,16) : « Celui qui aura cru et aura été baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné »[3] ; le baptême renvoie à ce qui advient sur terre, mais non la seconde partie de la phrase, où il n’est plus question de baptême (en l’occurrence non reçu). La vie sur terre prépare la Rencontre plénière qui se situe nécessairement dans le mystère de la mort, et le baptême l’anticipe déjà en ce monde.
Ces trois fondements traversent tout l’enseignement du Pape Benoît XVI, réalisant ce qu’il avait demandé lui-même en l’an 2000 dans la déclaration Dominus Iesus, lorsqu’il invitait à “parcourir de nouvelles pistes d’investigation… La présente Déclaration intervient dans cette recherche pour rappeler… certains contenus doctrinaux essentiels, qui puissent aider la réflexion théologique à découvrir peu à peu des solutions conformes aux données de la foi et aptes à répondre aux défis de la culture contemporaine” (§3). En fait, dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique (paru en 1992 déjà), il avait exposé de telles solutions qui rejoignent ce que les mystiques ont toujours affirmé et que les NDE ou expériences aux frontières de la mort nous donnent à percevoir de l’Au-delà. Il s’agit en particulier des n° 634 et 635 rédigés par lui-même (ce n’est pas le cas d’autres numéros[4]).
Rappelant d’abord que Jésus lui-même est descendu dans le “mystère de la mort” et que par lui “l’évangile a été également annoncé aux morts” (1P 3,19 ; 4,6), le n° 634 constitue, avec le n° 635, le cœur de la section du CEC consacrée à la « Descente aux enfers » :
“La Descente aux enfers est l’accomplissement, jusqu’à la plénitude, de l’annonce évangélique du salut. Elle est la phase ultime de la mission messianique de Jésus, phase condensée dans le temps mais immensément vaste dans sa signification réelle d’extension de l’œuvre rédemptrice à tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux, car tous ceux qui sont sauvés ont été rendus participants de la Rédemption” (n° 634).
De nombreux termes sont à relever. D’abord, c’est le lieu où l’annonce du salut se fait en plénitude. Même si cette annonce de salut a été répandue sur la terre, elle ne touche qu’une minorité, on l’a vu (et elle a même disparu de certains pays). Or, le texte affirme que la descente aux enfers “accomplit” cette plénitude au bénéfice des hommes de “tous les lieux et tous les temps”, donc de tous, et cela dans leur mort ; cet accomplissement est même présenté en rapport avec la “mission messianique de Jésus”. La totalité des hommes de “tous les lieux et tous les temps” est donc touchée par la “mission messianique de Jésus” dans le mystère de sa Descente : en d’autres mots, le vécu divin de sa mort rejoint – ou plus exactement précède – leur propre vécu. Un tel mystère se situe dans un temps autre que le nôtre, ce que le n° 635 appelle la “profondeur du mystère de la mort” :
“Le Christ est donc descendu dans la profondeur de la mort (cf. Mt 12, 24 ; Rm 10,7 ; Ep 4,9) afin que “les morts entendent la voix du Fils de Dieu et que ceux qui l’auront entendue vivent” (Jn 5,25). Jésus, “le Prince de la vie” (Ac 3,15), a “réduit à l’impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable, et a affranchi tous ceux qui, leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort” (He 2,14-15). Désormais le Christ ressuscité “détient la clef de la mort et de l’Hadès” (Ap 1,18) et “au nom de Jésus tout genou fléchit au ciel, sur terre et aux enfers” (Ph 2,10)” (n° 635).
Toutes les citations importantes du Nouveau Testament y sont, sauf Jn 3,19-21 qui a été oubliée ‒ mais toutes sont reprises dans Bonne Nouvelle aux défunts, de Françoise Breynaert (préface de Mgr Minnerath, Archevêque de Dijon). Dans le texte préliminaire du CEC (1989) qu’un vent favorable nous a apporté, la seconde phrase de résumé (« En bref ») disait clairement : “Dans sa mort, le Christ a rejoint mystérieusement tout homme qui meurt, même ceux qui n’ont pas pu croire en lui (cf. 1P 3,18-20 ; 4,6)”. C’est en plus simple et en résumé ce que disent les n° 634 et 635.
Quoi de si difficile à comprendre puisque le vécu de Jésus en son âme « entre » sa mort et sa résurrection possède évidemment une dimension capitale qui ne relève pas de notre chronologie terrestre ? A la suite de la tradition apostolique, toutes les Eglises d’Orient fêtent cette dimension universelle du salut le Samedi Saint (et parfois tous les samedis aussi), et elle est fêtée comme une victoire.
Tandis que chez nous, ce Samedi est un jour vide. Il y a vraiment quelque chose de très gros que notre intellectualisme occidental n’a pas compris ou a oublié.
Pour terminer, il faut souligner combien le refus de prendre en compte la Rencontre de tout homme par Jésus dans l’Au-delà a des conséquences funestes, en particulier dans deux directions.
La première, la « théologie des religions », est un des objets du livre Le malentendu islamo-chrétien (2012), qui aurait pu s’intituler : Pourquoi l’Eglise catholique latine ne comprend-t-elle rien à l’islam ? Comme on l’a vu plus haut, l’idée absurde que Dieu distribuerait son salut un peu partout indépendamment de l’Evangile et des sacrements (donc à l’inverse des paroles de Jésus en Mt 18,18 ou de la finale de Marc déjà citée) conduit nécessairement à dire que Dieu doit utiliser des moyens pour glisser le billet pour le Ciel dans la poche des méritants supposés. Donc, Dieu récompense les valeurs supposément vécues dans l’hindouisme, dans l’islam, dans le bouddhisme, et pourquoi pas dans le satanisme. Ceci veut dire que ces religions seraient aussi des voies de salut. Certes, la « théologie des religions » va tenter de démontrer, par moultes circonvolutions et élucubrations, que ces dons du salut passent quand même par une espèce de Christ. Mais en fin de compte, même si l’on dit (pour paraître encore chrétien) qu’il y a « plus » de salut dans le christianisme qu’ailleurs, « toutes les religions se valent », c’est la conclusion. Au demeurant, l’idée qu’il pourrait exister des demi-saluts est de l’enfumage. Ces enseignements destructeurs désolaient le Cardinal Ratzinger devenu Benoît XVI.
L’autre grande conséquence funeste concerne les parents chrétiens qui ont perdu un enfant en bas âge, avant qu’il ait pu recevoir le baptême. La théologie intellectualiste occidentale (élaborée à partir du Moyen-Âge) leur disait que leur enfant, ils ne le reverront jamais dans l’Au-delà (c’est-à-dire ni au Purgatoire, ni au Ciel). Comment a-t-on pu en arriver à une telle conclusion ? Il s’agit de la question des Limbes dans lesquelles la théologie a décidé de placer les enfants morts sans le baptême avant l’âge de sept ans (à sept ans et un jour, cela ne vaut plus). Comme cette théologie n’a pas osé faire des Limbes une salle à part entière en plus du Purgatoire, elle les a rattachées à l’Enfer, mais à la limite supérieure de celui-ci (d’où le nom de limbae, limites en latin). Qu’est-ce que ces enfants y font ? Vu que, sur terre, ils sont supposés avoir vécu trop peu de temps pour mériter un billet pour le Ciel (mais qu’ils ne méritent pas non plus les souffrances de l’Enfer), ils se retrouvent en quelque sorte sur le toit de la maison « Enfer », occupés à vivre une « béatitude naturelle » (assez ennuyeuse au demeurant). Heureusement, les démons ne montent jamais voir ce qui se passe en haut, car ils sont trop occupés à alimenter la chaudière de la cave qui consume les damnés. Bref, les enfants sont tranquilles. Belle consolation pour les parents…
Toutes ces dérives théologiques qui détruisent ou ridiculisent la foi, Benoît XVI a essayé d’y remédier ; peu l’ont écouté parmi les gens en place, mais les gens simples, eux, ont vu clair. A l’heure où Rome sombre dans les déboires en tout genre, il faut plus que jamais être en communion avec le Pape retiré dans le silence de Castel Gondolfo et qui porte l’Eglise dans sa prière.
Voir aussi : eecho.fr/lame-du-christ-rencontre-t-elle-chaque-defunt/ ou eecho.fr/?s=enfers ou https://youtu.be/jizqOKrJFiU ou www.foi-vivifiante.fr/pages/nouveau-testament/le-christ-exorciste-la-bonne-nouvelle-aux-defunts-1.html#page1 ou eecho.fr/le-symbole-des-apotres-a-la-lumiere-de-larameen/ ou eecho.fr/le-jour-du-jugement-ce-quil-est-ou-nest-pas/.
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[1] « Le Christ est descendu aux enfers » ‒ ces mots font appel à des images, le verbe descendre suggérant un lieu souterrain et le substantif enfers venant du latin signifiant lieu inférieur. Si on ne les prend pas au pied de la lettre, que signifient-ils alors réellement ? Quel est le genre de « temps » qui caractérise cette « descente » ?
Si l’on y projette notre temps à nous, Jésus est mort durant un jour et demi (il « se relève » le troisième jour), mais il ne peut pas monter au Ciel avant l’Ascension, 40 jours après. Donc, il est allé dans la salle d’attente nommée « enfers » d’abord en son âme puis, après la résurrection, avec son corps glorieux et y reste au total 2+40 jours avant d’emmener les élus au Ciel (lors de l’Ascension). Comment Jésus a-t-il passé ce « temps », sans puis avec son corps ? A-t-il joué aux cartes avec les élus ‒ mais pas avec les autres, car, toujours suivant la théologie scolastique, il ne s’est pas adressé aux déméritants destinés à l’Enfer. Mais comment ceux-ci peuvent-ils avoir été jugés déméritants déjà, sans avoir rencontré Jésus ? Qui d’autre que Jésus les aurait jugés et comment ?
Ensuite, toujours suivant la théologie scolastique, cette salle d’attente aurait été fermée ou à moitié fermée ‒ disent certains ‒, selon que seuls des justes (c’est-à-dire des méritants), ou tous les justes, ou tous ses résidents méritants et déméritants l’auraient quittée. Mais ceci ne concerne pas les enfants morts en bas âge sans le baptême, qui eux sont supposés n’être ni méritants, ni déméritants ; pour eux, la scolastique a prévu un lieu à part, non pas une salle d’attente mais un lieu définitif (voir plus loin). Doit-on croire tout cela ?
[2] Les causes de cette impossibilité sont multiples : en premier lieu la volonté de ne pas évangéliser de la part de nombreux chrétiens ou de responsables, les obstacles terribles que sont les contrefaçons du christianisme, et enfin des facteurs aléatoires autres, indépendants de la volonté humaine.
[3] On notera que certains imaginent pour eux une salle d’attente afin de reporter le problème du « comment » du salut à plus tard ‒ ce qui est aussi inutile qu’absurde.
[4] Le CEC, dont la première version (1992) était en langue française puisque ce gros travail avait été rédigé en français, était le fruit de plusieurs équipes inégales en qualité, ce qui explique la présence de contradictions et d’imprécisions ; de ces dernières, certaines ont été (mal) corrigées dans les éditions postérieures, d’autres sont restées inchangées. Nous n’ignorons pas que des pinailleurs iront chercher tel numéro pour contredire le Pape Benoît, mais nous considérons que celui-ci est vraiment un guide sûr, à l’inverse d’autres théologiens (dont certains ne croient même pas en la résurrection corporelle de Notre Seigneur).
Excellente synthèse : la mort n’est pas la séparation du corps et de l’âme mais la séparation DÉFINITIVE du corps et de l’âme. La mort n’est pas l’arrêt du cœur mais l’arrêt définitif du cœur.
C’était une évidence désormais théologique ET scientifique car : quand le cœur s’arrête, très rapidement, le corps et le cerveau cessent de fonctionner ; pourtant, par la réanimation, on arrive à faire revenir des gens cliniquement morts pendant de longues minutes voire heures ; c’est pendant ces morts cliniques que l’âme et le corps se séparent et que peuvent se produire les EMI (expériences de mort imminentes).
Si à l’instant de cet arrêt du cœur on était instantanément expédié au Purgatoire, Enfer ou Paradis, on n’en reviendrait pas car on ne revient pas de ces endroits après qu’on y ait envoyé suite au jugement particulier qui est la venue de l’âme à Dieu Amour et Lumière (les deux mots qu’emploient les expérienceurs et qu’on retrouve dans saint Jean). Donc la mort a une durée, c’est un moment et pas un instant au cours duquel il se passe quelque chose et qui correspond à ce que Jésus dit dans Jean 3, 19…
Quant à parler d’hérésie, c’est un manque de charité dans le débat théologique et sans la charité…
L’accusation pourrait même être facilement renversée car ceux qui contestent ces éléments ou leur harmonisation s’opposent possiblement en fait à la fois aux saintes Écritures, au CEC, à la raison scientifique, aux témoignages mystiques, qui convergent dans le sens exposé par le Père Edouard-Marie Gallez… L’hérésie dans cette optique pourrait davantage se trouver davantage de leur côté.
Il est vrai que toute pensée dissidente de celle de nos zélites-zombies est immédiatement qualifiée de complotiste , de nos jours . Cette célérité à tout qualifier de complotistes est la marque d’une panique certaine de la part de ces mêmes élites . C’est le signe de la bête si vous voulez .
En 2001, le futur Benoît XVI avait précisé quelque peu l’impasse que constitue la doctrine des Limbes des enfants morts sans le baptême :
« [Q.:] Et qu’en est-il des millions d’enfants qui sont tués déjà dans le ventre maternel ?
[R.:]… la question des enfants qui n’ont pu être baptisés, parce que victimes d’avortements, nous tourmente d’autant plus. Il me semble que dans le passé on avait élaboré une doctrine pas très inspirée. On disait que le baptême nous donnait, par la grâce sanctifiante, la capacité de contempler Dieu. Le péché originel, dont le baptême nous délivre, est privation de la grâce sanctifiante. Les enfants qui meurent ainsi n’ont pas de péchés personnels et ne peuvent donc pas aller en enfer ; mais il leur manque la grâce sanctifiante et donc la possibilité de contempler Dieu. Ils bénéficient simplement d’un état de béatitude naturelle où ils sont heureux. On a appelé cet état les « limbes. » Cette conception est devenue en notre siècle peu à peu problématique. On voulait par là défendre la nécessité d’un baptême précoce, mais la solution proposée pose un nouveau problème. » (Voici quel est Notre Dieu, 2001, pp. 281-282 )
Je croyais que le livre de Richard WURMBRAND était « faux » pour disqualifier le marxisme où l’auteur inventait des poêmes satanistes … Un peu comme l’auteur catholique qui a inventé un prétendu « dialogue avec le diable » de Luther, pour disqualifier le protestantisme.
Sur le web, on ne trouve pas de trace de mise en doute des sources trouvées par Richard Wurmbrand – que j’ai rencontré personnellement, et je puis affirmer que ce n’est pas un affabulateur.
Pour lire l’ouvrage (paru dans les années 70 pour ce qui est de la première édition), la fiche Wikipedia en anglais renvoie vers un lien de archive.org qui a été censuré (comme tout ce qui est trop vrai d’un point de vue du politiquement correct), mais vous pouvez lire le contenu en français ici ou même sur archive.org (en français, on ne l’a pas censuré – il y a moins de lecteurs potentiels, il est vrai…), ou encore ici également en version enregistrée.