Coran et théorie des codes, des précisions

En 2014, Jean-Jacques Walter publiait Le Coran révélé par la Théorie des Codes (voir ici – livre republié chez Téqui), dans lequel appliquait une telle analyse mathématique au texte coranique, et il était le premier à le faire. D’utiles précisions sont venus par la suite, on les trouve par exemple dans la playlist de « Musulmans devenus catholiques »; elles concernent en particulier la multiplicité des auteurs coraniques qui est mise en lumière de cette façon (c’est-à-dire la diversité des contributeurs qui, pour la plupart, n’ont pas opéré dans les mêmes années, mais ceci relève de la compréhension des résultats obtenus).

Dans cette vidéo, il resitue son travail ; à l’origine, il s’agissait d’un travail de thèse de doctorat soutenu à Paris.
En fait, son fils, Jean-Luc Walter, Normale Sup, mathématicien et informaticien en I.A., avait contribué à la recherche de 2014. C’est l’un des tout-premiers chercheurs à avoir conçu des algorithmes permettant d’identifier des textes (ADT). Depuis lors, ce type de recherche s’est largement répandu, ce qui a permis par exemple de réattribuer à Shakespeare un écrit qui paraissait douteux. A la demande de son père, il a ainsi appliqué la méthode algorithmique au rasm du Coran (= texte sans les points diacritiques ni, bien sûr, les voyelles), avec pour résultat de mettre en lumière des « signatures » d’auteurs ou d’interpolateurs très divers (en tout, plus de trente). Aujourd’hui avec les progrès de l’I.A., le travail est beaucoup plus facile qu’en 2014 (la méthode est même devenue très courante et plus précise encore). Ces recherches mathématiques recoupent celles qui, en coranologie, ont montré et essaient de reconstituer les strates successives du texte, lui-même très disparate, et remanié de nombreuses fois.

Pour rappel, l’algorithme ADT (analyse de données textuelles) porte sur la succession des lettres, qui permet de reconnaître n’importe quel texte/auteur indépendamment du sens des mots ou des phrases, ou même de la langue. C’est expliqué ici par J.-L. Walter.

Prenons un exemple simple de ce qu’apporte l’ADT du Coran.
Selon la légende islamique, Mahomet aurait « émis » ses sourates dans le contexte paisible de La Mecque, puis d’autres beaucoup plus guerrières à Médine. On aurait donc deux gros ensembles de sourates, supposées présenter des différences identifiables. Or, quels que soient les outils de comparaisons utilisés (ou composantes stylistiques assurées), aucune différence stylistique n’apparaît globalement (p.218). Déjà, à une lecture attentive et libre des interprétations islamiques, cette répartition apparaissait clairement arbitraire. L’ADT le démontre de manière définitive : la répartition du Coran en sourates mecquoises et médinoises est sans valeur. En fait, elle a été inventée uniquement en vue d’accommoder la « lecture » du Coran au récit légendaire sur Mahomet présumé avoir vécu d’abord à La Mecque (une ville qui n’existait pas alors) avant de se rendre à Médine (une ville qui, elle, existait bien).