Béatification de Mgr Vladimir Ghika
_____Ce 31 août, Mgr Vladimir Ghika est reconnu comme « bienheureux » par l’Eglise catholique de Roumanie ; la célébration se tient à Bucarest, sous la présidence du cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour la cause des saints. Un groupe de pèlerins de Paris y participera.
_____Vladimir Ghika était le cinquième enfant du prince Jean Ghika, général et ambassadeur auprès de l’empire ottoman, et de son épouse, née Alexandrine Moret de Blaremberg. Il appartenait à la dynastie des princes Ghika qui régnèrent sur la Moldavie et la Valachie du XVIIe au XIXe siècle. Élevé dans la confession orthodoxe comme le reste de sa famille, il suivit ses études à Toulouse et à Paris, puis chez les Dominicains à l’Angelicum de Rome. Il fit profession de foi catholique en 1902 et obtint un doctorat en théologie.
_____De retour en Roumanie, il fonda un dispensaire des Filles de la Charité et organisa en 1913 un lazaret pour les victimes du choléra. Il regagna Paris quelques années plus tard et, à l’âge de 50 ans, fut ordonné prêtre le 7 octobre 1923 par l’archevêque de Paris, le cardinal Louis-Ernest Dubois. Le pape lui accorda l’autorisation de célébrer la messe selon les deux rites, romain et byzantin. En ce sens, l’abbé Ghika se situait « à la croisée des mondes oriental et latin », comme un « précurseur en œcuménisme moderne ».
_____À Paris, il s’installa d’abord à l’Église des étrangers du 33, rue de Sèvres (actuelle église Saint-Ignace). Il était un ami proche de Jacques Maritain, d’Emmanuel Mounier, de Paul Claudel, de Charles du Bos, et, d’une manière plus générale, des intellectuels catholiques qui se retrouvaient autour des Maritain et des Bénédictines de la rue Monsieur. Il choisit alors de vivre parmi les déshérités et partit exercer son apostolat dans un bidonville de Villejuif. Il fonda la paroisse Sainte Thérèse de Villejuif.
_____En 1931, Pie XI le nomma protonotaire apostolique et l’envoya en mission au Japon et aux Congrès eucharistiques internationaux de Sydney, Carthage, Dublin, Buenos Aires, Manille et Budapest. Quand éclata la seconde guerre mondiale Vladimir Ghika sollicita l’autorisation, qui lui fut accordée, de rentrer à Bucarest. En liaison avec la nonciature, il s’occupa principalement des réfugiés polonais qui avaient fui l’invasion soviéto-nazie, et pendant plusieurs années il se consacra aux plus démunis.
_____Entre 1944 et 1948 se déclencha la persécution communiste féroce contre l’Eglise Gréco-Catholique de Roumanie (qui s’est poursuivie jusqu’en 1989), aboutissant à sa suppression par la force (suivant le scénario ukrainien de 1945-1946). Le père Vladimir Ghika fut alors arrêté le 18 novembre 1952 par la police communiste, accusé de haute trahison, il subit un simulacre de procès en même temps que cinq autres prêtres. Menacé, battu au sang, torturé, il fut condamné à trois ans d’incarcération. Il mourut le 16 mai 1954 à l’infirmerie de la prison de Jilava, des suites des mauvais traitements.
_____La cause de sa béatification avait été ouverte en 2002 par l’archevêque de Bucarest. Le 27 mars 2013 le pape François a autorisé la promulgation de la reconnaissance du martyr de Mgr Ghika, prêtre du diocèse de Paris. Sa fête sera célébrée chaque année le 16 mai, date de sa mort. L’Eglise Gréco-Catholique de Roumanie attend de nouvelles béatifications, celles de sept évêques morts aussi en détention sous la persécution communiste: Mgr V. Traian Frentiu, Card. Luliu Hossu, Mgr Alexandru Russu, Mgr Ioan Balan, Mgr Ioan Suciu, Mgr Tit Liviu Chinezu et Mgr Vasile Aftenie.
_____Rappelons l’origine apostolique de l’église roumaine liée à la prédication de l’apôtre André sur les bords de la Mer Noire. Prions en communion avec la communauté parisienne qui célèbre la messe tous les dimanches à 11h (sauf ce 31 août/1 septembre) chez les sœurs de Marie Réparatrice, 29 rue Michel-Ange 75 016, autour de son jeune curé, le père Cristian Crisan ; le dimanche 6 octobre à 18h30, la sainte messe aura lieu à la cathédrale Notre-Dame de Paris (précédée par une conférence à 17h).