Après vingt ans de guerre économique, la Syrie n’est plus
Vingt ans de guerre économique et financière … et autre
Exangue, la Syrie n’est plus, après vingt ans de blocus économique et financier. Anciennement, quand un ennemi voulait prendre une ville fortifiée, il en faisait le siège, comptant sur la faim pour réduire la résistance des habitants. Le dernier grand blocus, celui de St Petersbourg (Leningrad) en 1941-1942, n’a pas fonctionné car des armées extérieures sont venues à son secours et ont renversé la situation. Ce fut le cas également de Vienne, assiégée durant deux mois en 1683 et sauvée par une coalition d’armées européennes. Hélas, il n’en fut pas ainsi pour la Syrie, vaincue après avoir lutté pour sa survie durant vingt années.
Effondrement de la livre syrienne en 2023
C’est en 2004 (ou fin 2003) en effet que commence la guerre américaine contre la Syrie, prolongeant la guerre permanente livrée par l’ennemi du sud qui occupe une partie du pays depuis 1973. Ces mesures américaines de guerre financière et économique dites « sanctions » préparaient la guerre ouverte par proxys interposés lancée en 2011, et elles ont été renforcées encore en 2019 (loi César), étant servilement appliquées également par l’Europe. Le terrible tremblement de terre de février 2023 a laissé le pays dans une misère noire, étant toujours privé des ressources de son pétrole (extrait dans une région occupée par les USA), et le blocus empêchant les entreprises de reconstruire. Quoiqu’ils ne soient pas touchés par les « sanctions » américaines, les Chinois n’ont cependant pas osé investir en Syrie, voyant le pays assiégé de toute part, comme cette carte de 2020 l’indiquait bien :
L’avenir dépendait du respect de l’accord signé en 2020 notamment par la Turquie ; mais son maître, Erdogan, n’a aucune parole : par le nord, il a envoyé des milliers de mercenaires venus de partout, bien payés et surarmés. De manière coordonnée, l’ennemi du sud bombardait toutes les voies de communication côté ouest et attaquait par le sud, tandis que les milices directement pilotées par l’occupant US attaquaient par l’est et le sud-est. Envahi de tous les côtés, le pays s’est écroulé en cinq jours, le 8 décembre 2024.
La courageuse parole des évêques syriens ne se fera plus entendre ; ils devront parler de « bonne entente » avec le(s) nouveau(x) pouvoir(s) islamiste(s), niant les atrocités si cela est nécessaire, comme cela se passe dans tous les pays islamiques … ainsi qu’en Occident où les autorités ecclésiastiques, beaucoup moins menacées, semblent comparativement serviles devant un pouvoir de plus en plus totalitaire. Et plus encore en Chine. Une attitude de survie, sans doute. C’est par les réseaux sociaux que nous pouvons avoir des nouvelles et que la résistance internationale existe – ce qui a du sens car les guerres modernes se jouent d’abord dans les cerveaux.
En 1683, tout le peuple d’Autriche a prié pour la délivrance de l’envahisseur turc, depuis l’empereur jusqu’aux plus humbles habitants ; la victoire du 12 septembre, qui a tenu à un fil, a été complète. Il faut savoir que bienheureux Marc d’Aviano, capucin, y joua un rôle décisif en mettant la concorde et la coordination entre les diverses armées européennes (la France se tenant à l’écart). Sa mission avait commencé comme celle d’un thaumaturge exceptionnel, un saint Charbel européen –mais constamment sur les routes. En France, on ne connaît pas ce saint. C’est dommage, car Dieu exauce la foi d’un peuple.
L’Ancien Testament en témoignait déjà, notamment lorsque Jérusalem fut assiégée en 587 avant JC et que Dieu envoya le prophète Isaïe rencontrer le roi Akhaz. Ce sont deux annonces qu’Isaïe donne au roi comme signes (Is 7,10-17) : celle d’une jeune fille vierge ou plutôt de la jeune fille (ha–‘almâh) qui va enfanter (Is 7,14-15), et celle de la défaite prochaine des royaumes ennemis (Damas et Samarie : Is 7,16-17). C’est évidemment le second signe qui intéressait immédiatement le Roi, probablement assiégé dès ce moment-là dans Jérusalem ; on sait qu’il se réalisa bientôt (2R 16,9).
P. Edouard-Marie