Aperçu historique des messianismes – schéma
Aperçu historique des messianismes – un schéma global
En histoire, quoique nécessairement réducteurs, les schémas constituent une aide précieuse : ils permettent de situer les grandes tendances sans se tromper au plan chronologique.
Dans le schéma qui suit, c’est surtout l’histoire occidentale qui est considérée, selon le développement des formes de messianisme qui l’ont dramatiquement marquée – les dernières étant logiquement les pires.
Parallèlement, il faudrait proposer également un schéma des dérives du type « gnostique » depuis la première contrefaçon spirituelle de la foi chrétienne jusqu’à toutes les formes d’auto-exaltation ou d’auto-libération proposées imposées aujourd’hui par la culture de masse qui est aux mains des grands médias. Une telle présentation sera très complexe, non seulement à cause de la multiplicité des avatars (chaque courant engendrant de nouveaux courants, allant du spiritualisme au matérialisme et de l’intellectualisme ou « gnosticisme » aux formes les plus magiques de la gnose), mais aussi à cause de ses branches orientales. Un tel schéma est à l’étude.
Voici en tout cas une présentation historique globale mais évidemment parcellaire des formes de dérives messianistes depuis leur origine (laquelle est unique) jusqu’à nos jours :
Remarques : Personne de sensé ne confondra les nationalismes, qui sont des messianismes, avec les patriotismes, qui sont un attachement à une communauté qui est liée elle-même à un pays (ou à une région) et qui est un lieu de solidarité. Inversement, personne de sensé ne niera le lien entre le racisme (ou racialisme) européen des 19e et 20e siècles et le messianisme matérialiste et eugéniste de ces époques. Aujourd’hui, le racisme (éventuellement religieux) est utilisé dans de nombreux pays comme moyen de conforter un pouvoir lui-même fondé sur une idéologie messianiste (Afrique du Sud, Inde, …). Le schéma est donc très incomplet, il ne peut en être autrement – ce n’est pas son but.
Les commentaires sont les bienvenus.
Le schéma donné dans cet article ne peut pas être complet car il unirait de façon compréhensive toute l’histoire humaine en lui. Ce serait l’une des plus grandes prouesses intellectuelles imaginables si elle était faite parfaitement.
Je décide de l’accepter comme vrai. Je le crois tel mais manque de connaissances pour le juger objectivement ou même partiellement. Sur la base de ma sensation qu’il est vrai, je veux l’examiner.
Je découvre l’importance de Joachim de Flore. Il est posé ici comme un précurseur important des messianismes. Si je fouille du côté des défenseurs des « Lumières », je pense y trouver des commentaires et descriptions élogieuses.
Je note avec un sourire peu amène que les « Lumières », le Nazisme et le Marxisme sont placés dans la même colonne des messianismes.
Je note qu’un messianisme qui a vraiment bien réussi est l’Islam.
Je comprends la complexité de ces mouvements. Ils sont tous face à une impasse. Faits pour répondre à un problème réel, ils rencontrent la réalité en dehors de ce problème. Il faut donc réviser le messianisme concerné et c’est impossible puisqu’il est posé parfait au départ.
Je rejoins ici Peterson quand il déclare qu’un adepte d’un messianisme se sent capable de comprendre le monde et l’univers, de maîtriser le monde et se sent supérieur à toute personne qui ne partage pas son idée du monde.
Cela implique immédiatement que toute opposition à sa vision du monde est issue du mal. Cela implique que toute défaite subie par son groupe ne peut que venir d’une trahison. Cela implique que toute avancée du groupe ne peut pas être remise en question vu la perfection de sa doctrine. Cela implique aussi une soumission totale à cette théorie à cause de sa perfection. Cela implique que le chef a un statut divin ou quasi-divin. Il doit être obéi à n’importe quel prix.
La vision que toute opposition incarne le mal, que toute défaite est provoquée par une trahison autorise et légitime toute action violente contre ces gens.
L’idée de la trahison peut aussi se comprendre comme « le vrai truc ou machin » n’a pas été appliqué. C’est pourquoi il n’a pas marché. Il faut donc retrouver « ce vrai ». Chaque adepte se voit confronté à l’échec indéniable de sa théorie quand elle a lieu. Chaque adepte va donc chercher intensément où l’erreur a été commise dans la compréhension de la théorie parfaite.
Vu la nature divine du chef, si quelqu’un arrive avec une nouvelle compréhension de la théorie, il sera un nouveau chef avec ce statut. Comme la question se pose à tous les adeptes plusieurs chefs apparaissent. La guerre civile est inéluctable.
Cela explique les terribles guerres à l’intérieur de l’Islam à la mort de son prophète. Elles ont dû être bien pires que tout ce que nous en savons car elles décidèrent de la forme de la révélation « divine ».
L’idée de la trahison peut également se comprendre comme l’abandon de la foi du groupe par un individu. Vu la perfection supposée de cet objet, le quitter est se livrer au démon de la pire espèce. La personne qui fait le pas est une personne qui affirme à tous les adeptes que la perfection prônée n’est pas réelle. C’est intolérable. Tuer cette personne en devient non seulement souhaitable mais nécessaire.
J’aime énormément le mot de Peterson citant Jung. Il dit quelque chose comme « Les idées possèdent les hommes. » Tout le schéma confirme cette idée. C’est certainement pour cette raison que je l’accepte.
Il y a beaucoup plus à dire et à penser sur ce schéma.
Passionnante analyse qui montre les implications politiques de la question religieuse ou au moins d’une religiosité détournée du vrai christianisme.
On pourrait d’ailleurs introduire ici le concept fondamental et clé pour comprendre l’histoire politique et religieuse de l’Occident et donc du monde : le clivage droite/gauche ; à ce titre, voici une analyse des racines religieuses de ce clivage et à l’intérieur de ce clivage entre une gauche adoptant une posture gnostique et une gauche adoptant une posture millénariste (le millénarisme étant le messianisme détourné du christianisme de ceux prétendant faire le travail sur la terre à la place du Christ) : http://ac.matra.free.fr/FB/20171006zemmour.pdf ; Jean-Louis Harouel, montre que les postures politiques occidentales répliquent deux dérives gnostique et messianiste ; le résumé qu’en fait Eric Zemmour est un bon compte-rendu de cette analyse.
Définir le messianisme serait très utile.
Enfin, il y aussi dans la pensée occidentale des pensées antichrétiennes qui ne sont ni gnostiques ni messianiste au sens de millénariste, notamment la pensée du temps cyclique et non linéaire qu’on retrouve chez les nietzschéens ou les partisans de la nouvelle droite. Ou alors il s’agit d’un gnosticisme bâtard et coupé des traditions juive et chrétienne.