Pourquoi les chrétiens sont-ils persécutés ?
Laissez-moi vous faire part des très riches nourritures intellectuelles et spirituelles que j’ai reçues cet été, en participant à diverses manifestations, conférences et universités d’été. Il y a beaucoup été question de religion, de politique, d’islam et de persécutions des chrétiens, comme autant de pièces d’un puzzle historique, et même eschatologique. Elles se sont assemblées fin août, alors que j’assistais à la session d’été de l’association EEChO (www.eecho.fr), intitulée « Christianisme et Mémoire des Martyrs, Pourquoi ? ».
En trois jours, nous y avons été gratifiés des témoignages de certaines grandes persécutions antichrétiennes du 20e siècle (génocides des chrétiens arméniens, assyriens, chaldéens, syriaques et libanais de 1915, perpétrés par les Jeunes Turcs, antichristianisme de l’Arménie soviétique). Ce sont les descendants même de ces chrétiens persécutés qui sont intervenus (on trouvera leurs exposés sur la chaîne youtube d’EEChO), délivrant des témoignages poignants. Ils ont été éclairés, au fil des trois jours de la session, par les exposés des chercheurs d’EEChO sur la nature, le fondement et le sens de ces persécutions :
- Le Père Frédéric Guigain, prêtre maronite spécialiste de l’oralité évangélique[1] (l’Evangile tel que prêché par les Apôtres, en araméen, appris par cœur par les chrétiens des premières Eglises) nous a proposé une remarquable étude du « collier de l’envoi en mission ». C’est ce passage de Matthieu (10,5-42) où Jésus donne ses instructions pour la mission et prévient ses Apôtres des persécutions auxquelles ils auront à faire face. Fort de sa connaissance du texte araméen, du contexte de la prédication de Jésus[2] et du contexte de la liturgie juive dans laquelle s’inscrit la proclamation de ce passage de Matthieu[3], le Père Guigain nous a délivré un enseignement d’une immense portée : à la suite de la passion de notre Seigneur, la persécution des chrétiens, unie à celle-ci, participe individuellement et collectivement du rachat de l’humanité, de sa rédemption, de l’avènement des nouveaux cieux et de la nouvelle terre de l’ère messianique.
- Pierre Perrier, spécialiste de l’Eglise primitive, nous a dressé une fresque vivante et très érudite de la persécution subie par certaines des premières Eglises fondées par les Apôtres au 1er siècle : Rome, bien sûr, Antioche, mais surtout les Eglises de langue araméenne, Jérusalem, Ninive et Ctesiphon (dont sont issues les Eglises arméniennes, chaldéennes et assyro-chaldéennes), Méliapour en Inde et même Xi’Ian en Chine. Il nous a expliqué comment cette persécution s’est structurée par la mise en place de doctrines antichrétiennes de plus en plus élaborées, cherchant à attribuer à leurs seuls tenants les bénéfices et l’exclusivité du salut proclamé par les chrétiens. Il a montré combien les chrétiens, par le simple fait d’exister comme tels, interpellent les négateurs et travestisseurs de la Vérité au plus profond d’eux-mêmes. Les chrétiens qui en sont porteurs, parfois malgré eux, mettent ainsi en danger tout l’être profond, toutes les représentations et toutes les espérances des doctrinaires. Toutes ces vérités subjectives savamment bâties, qui sont les raisons mêmes d’exister des anti-chrétiens, ne peuvent tenir devant la Vérité, comme la ténèbre ne peut tenir devant la lumière. « Toute personne qui fait le mal déteste la lumière, et elle ne vient pas à la lumière pour éviter que ses actes soient dévoilés. » (Jean 3, 20). Voilà pourquoi la Vérité a été accueillie avec autant de violence, depuis sa révélation, et voilà pourquoi les chrétiens sont persécutés.
- Le Père Edouard-Marie Gallez, spécialiste des origines de l’islam, que je connais bien pour participer à la diffusion de ses recherches, nous a expliqué comment la révélation chrétienne a déclenché, dès le 1er siècle, des contre-révélations se constituant peu à peu en contre-églises. Elles se sont accaparé l’idée chrétienne du salut du mal, l’ont contrefaite et dénaturée en espérances d’un salut accessible ici-bas, sur terre, par les seuls moyens humains, en poursuivant des projets de système politique idéal, de monde parfait, par la transformation même de la nature humaine. Islam, individualisme, maçonnerie, totalitarismes modernes, société de consommation sont ainsi autant de contre-églises, dont on comprend maintenant l’antichristianisme viscéral : elles ne peuvent supporter la présence de chrétiens car ceux-ci, par le témoignage qu’ils rendent à la Vérité, à l’exclusivité du salut en Jésus Christ, par la vivacité et la permanence de l’Eglise, dévoilent les mensonges sur lesquels sont fondées ces contre-églises, et démontrent la fausseté de leurs espérances. Toute l’Histoire peut ainsi être vue sous l’angle du déploiement de la révélation chrétienne et de celui de sa dénaturation en contre-révélations. Et viendra un temps, dont nous vivons sans doute les prémisses, où ces dernières dépasseront leurs antagonismes et convergeront vers ce qui les fonde toutes : leur christianophobie fondamentale.
J’avais précédemment, à l’occasion d’autres conférences et événements de l’été, pu être instruit des persécutions rencontrées par Saint Jean Chrysostome, Saint Thomas More ou les chrétiens arméniens, de certaines lubies intrinsèquement antichrétiennes de la franc-maçonnerie et de la « religion de la République », et d’autres persécutions antichrétiennes encore. La session EEChO de l’été 2015 m’aura apporté des clés de lecture indispensables pour comprendre ces persécutions et appréhender en chrétien les temps actuels. Pensons au combat pour la vie de Vincent Lambert, prélude à celui que nous aurons chacun à mener pour défendre la dignité de toute personne, et la nôtre en particulier. Pensons à l’islam, promu par les initiatives d’enracinement de nos gouvernants « laïcs », imposé par la démence migratoire, et la lamentable politique de soutien et d’alliance avec les islamistes les plus violents du Proche-Orient. Pensons à la mainmise de ces colossales puissances d’argent, comme il n’en a jamais existé dans l’histoire, qui mettent peu à peu le monde en coupe réglée, tel le troisième cavalier de l’apocalypse.
Et pensons à nous chrétiens. Il nous faut plus que jamais savoir qui nous sommes, d’où nous venons, où nous allons, pour travailler à l’unité et proclamer la Bonne Nouvelle et le seul salut en Jésus Christ, malgré, dans et grâce aux persécutions.
Olaf, auteur du Grand secret de l’islam
Membre de l’association EEChO (Enjeux de l’Etude du Christianisme des Origines)
[1] Voir l’article https://www.eecho.fr/referentiel-liturgique-de-levangile-de-mt-exemple/ comme introduction à l’oralité évangélique
[2] Les textes lus dans les synagogues à ce moment là, dont il a retrouvé l’enchaînement, en l’occurrence les prescriptions du Lévitique pour le rachat des péchés et la vie en communion avec le Seigneur
[3] Le lectionnaire qu’il a composé, « l’Evangile de Matthieu » en araméen, s’inscrit dans la liturgie synagogale de son époque pour lui faire écho, en l’occurrence l’histoire du patriarche Joseph
Merci Olaf !!!